6 livres à lire absolument aux éditions Pocket
Je suis fan des éditions Pocket chez lesquelles je trouve une quantité incroyable de livres à lire qui correspondent aux thématiques qui m’intéressent.
AVANT de tenir un blog littéraire, je n’avais jamais réalisé qu’il se crée des affinités naturelles entre nos goûts de lectrice/lecteur et les choix éditoriaux des maisons d’édition. Cela tient probablement au fait que je ne lisais pas suffisamment pour m’intéresser ou connaitre ce genre de détail. Je choisissais mes lectures un peu au hasard.
Aujourd’hui en fonction de ce que j’ai envie de lire ou précisément lorsque je n’ai aucune idée de lecture, je sais dorénavant vers quel éditeur me tourner pour trouver quelque chose qui me correspond sans coup férir (ahaha en ce moment j’adore redécouvrir toutes ces expressions littéraires old-school qu’on ne lit plus nulle part !).
DU COUP, j’ai eu l’idée de cette nouvelle rubrique, qui me permettra épisodiquement de regrouper les dernières lectures vraiment intéressantes que j’ai pu faire chez une maison d’édition en particulier.
Sommaire
☆ L’écart – Amy Liptrot
J’ai dû mettre 6 mois à lire ce livre ! Non pas parce qu’il ne me plaisait pas, au contraire ! Justement parce qu’il me plaisait tellement que je n’avais aucune envie qu’il prenne fin (les vraies lectrices sentimentales comprendront !). Cela ne m’était plus arrivée depuis bien longtemps, depuis “Lart de la joie” de Goliarda Sapienza que j’ai dû lire il y a plus de 10 ans mais qui a passé des années, inachevé sur ma table de nuit, parce que je ne voulais pas quitter Modesta. Ce livre m’a également bien aidé pendant ma pause digitale, j’ai souvent pensé à Amy pour tenir bon pendant la détox café que j’ai engagé pendant cette pause.
Petit pitch rapide : Amy vit à Londres où elle fait la fête et des excès en tout genre, elle s’enivre régulièrement ce qui lui permet d’exulter et d’avoir le sentiment de vivre intensément. Seulement sa vie devient un naufrage, son compagnon lassé la quitte, ce n’est pas plus brillant côté job, elle est alors contrainte de s’inscrire aux Alcooliques Anonymes pour se défaire de son addiction. S’engage alors un combat quotidien avec elle’-même car même sevrée, l’envie d’un verre ne cesse de la tirailler. Elle décide alors de rejoindre son île natale, dans l’archipel des Orcades, au nord de l’Ecosse. Une fois sur place, elle s’ouvre à la beauté sauvage de cette nature qu’elle a pourtant cherché à fuir en partant pour Londres. On la découvre contemplative, passionnée par l’observation des oiseaux et de cette fragile faune et flore qu’il faut préserver, captivée par les cieux étoilés et la vie sur ces îles isolées. Sa curiosité ne cesse de s’aiguiser pour tout ce qui l’entoure tout en la réparant.
C’est l’histoire de l’auteure, un récit lumineux et combatif sur la difficulté de vivre et la possibilité de trouver quelque part “une ile”, un chez soi, qui non seulement donne du sens à notre existence mais également nous ramène à qui l’on est. C’est aussi un livre sur “le minimalisme” et une ode à la simplicité de vivre, Amy découvre qu’elle est plus heureuse avec peu de choses matérielles car vivre sur ces îles coupées de tout, c’est accepter de vivre avec peu, que la nature comble nos besoins de distraction tout en nous apaisant. C’est donc également une ode à cette nature farouche que l’on ne prend même plus le temps d’admirer et dont on connait rien.
☆ L’envers du décor – Tatiana de Rosnay
Autre livre à lire, c’est ce recueil de nouvelles et bizarrement j’ai adoré ! Car oui en général je ne suis pas fan des nouvelles. Je n’aime pas entrer dans une histoire et la voir s’achever trop vite. Mais peut-être que je vieillis, ou peut-être que c’est le talent de l’auteur qui les rend aussi captivantes. Tatiana de Rosnay a le génie de la chute qui ne nous laisse pas avec ce sentiment d’insatisfaction qui succède souvent à la lecture d’une nouvelle nous abandonnant sur notre faim de vouloir en connaitre d’avantage. Et puis, elle a habilement entremêlé son histoire personnelle avec d’autres histoires. On découvre ainsi par petites touches romanesques ce qui décida de son destin d’écrivain, sa passion pour Daphné du Maurier, son grand-père, les souvenirs, Gainsbourg… Mythique quand elle conte sa rencontre mémorable avec l’autrice tant admirée (je n’en dis pas plus !) dans “Conversation impossible”.
Bref ! Ce fut un enchantement de plonger dans ce titre que je pense que je relierai parce justement les nouvelles se lisent trop vite et je sais qu’il ne m’en restera pas un souvenir aussi marquant que j’avais lu un roman et je déteste ne pas me souvenir.
☆ Changer le sens des rivières – Murielle Magellan
Voilà encore un titre qu’il vous faut absolument lire et que j’ai en double dans ma bibliothèque (car j’ai acheté le grand format à sa sortie mais je ne l’ai lu qu’une fois sorti en poche), comme cela m’arrive de plus en plus souvent …
Je ne vais pas vous dire que j’ai adoré parce que cet article ne regroupe sensément que des titres aimés.
Je vais donc vous dire POURQUOI je l’ai tant apprécié.
Marie est serveuse dans une brasserie du Havre et franchement sa vie ne fait pas rêver ! Elle doit s’occuper de son père, le genre de type pathétique qui souffre d’une hypocondrie suraiguë ce qui le rend inapte à travailler lui permettant d’exiger que sa fille subvienne à ses besoins et à son entretien. La sœur aînée a eu moins de scrupules : elle est partie vivre sa vie sans demander son reste. Alors quand Alexandre croise le chemin de Marie à la brasserie, elle laisse son tempérament romanesque l’emporter. Ce garçon est celui qui va l’emmener, c’est le bon. Seulement voilà, Alexandre est plus pragmatique qu’idéaliste et dans son monde (ou sa vision du monde !), une fille comme Marie qui n’a pas autant de culture que lui, ça lui semble une relation vouée à l’échec.
Quand il réalise qu’elle ne sait même pas ce qu’est un réalisateur, qu’elle ignore qui est François Truffaut et n’a même pas vu le “Dernier métro”, il prend rapidement le large. S’ensuit une situation kafkaïenne pour la douce Marie qui se révolte et finit devant un juge avec une nouvelle dette à éponger. Pour effacer celle-ci, elle va alors servir de chauffeur au juge et ce sera le premier pas vers sa liberté.
Peut-être que raconté de cette manière, avec des raccourcis et sans pouvoir non plus vous en dire trop, cela peut fait paraître cette histoire un peu loufoque mais en réalité c’est un vrai roman profond et sensible sur la difficulté de vivre et d’aimer aujourd’hui.
Marie est une rêveuse à peine sortie de l’enfance comme probablement beaucoup d’entre nous l’ont été et elle n’est pas du tout préparée à ce qui l’attend. Elle n’a même pas commencé à vivre sa vie qu’elle est déjà ensevelie sous les obligations et les charges et l’avenir lui semble ne pouvoir s’ouvrir que si un garçon l’aime. Elle n’imagine même pas être actrice de sa propre vie mais les événements vont la confronter douloureusement à cette réalité. Elle va devoir réaliser que les garçons d’aujourd’hui ne se contentent pas d’être aimé, ils veulent être avec quelqu’un susceptible de partager leurs aspirations et leurs centres d’intérêt. La douce Marie se rebelle peu à peu, se relève, prend des risques et décide de gagner son indépendance et sa liberté.
C’est une sorte de “conte” moderne très inspirant, très girl power et en même temps écrit avec une jolie plume sensible qu’il vous faut absolument faire entrer dans votre bibliothèque.
☆ J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi – Yoan Smadja
Si on parle de plume sensible, il faut que je vous parle de ce bouleversant roman ! Je vous écris cette courte chronique alors que je viens tout juste de le refermer et je peux vous dire que sa somptueuse couverture est à l’image des pages qu’il enferme. Si vous ne devez acheter qu’un livre ce serait celui-là !
Sacha est reporter de guerre et envoyée par son journal “Le Temps” en Afrique du sud pour couvrir les élections post Apartheid. Mais sur place, à la faveur d’un banal accident de la route, elle découvre de curieux convois qui acheminent des caisses de machettes en direction du Rwanda. Elle sent immédiatement que quelque chose d’anormal se prépare et elle part pour Tigali, Elle débarque alors que le chaos se lève…
Parallèlement à l’histoire du coup d’état et de nettoyage ethnique sauvage des Tusti par les Hutus qui va ravager le pays en 1994, on suit l’histoire d’amour délicate de Rose et Daniel. On découvre la famille de Rose qui sert dans les cuisines de l’ambassade de France à Tigali, cette enfance passée dans la maison aux effluves de la vanille que sa mère cultive sur un bout de terrain derrière la maison et qu’elle fait sécher sur le toit.
L’enchevêtrement de ces deux histoires permet de sauver ce roman de la noirceur à laquelle la condamnait cette monstrueuse guerre rwandaise. En alternant les chapitres on évite la suffocation de ce qu’il nous révèle en la contrebalançant de poésie, de gourmandise et d’humanité par les magnifiques textes du journal dans lequel Rose écrit régulièrement.
J’aime lire, apprendre et le roman est un fabuleux moyen de le faire et de rendre les faits inoubliables. Je connaissais cette partie terrifiante de l’histoire du Rwanda mais seulement parce que c’était un génocide. Cela restait une histoire lointaine dans le temps et sa géographie, quelque chose d’un autre siècle.
1994, est en même temps si proche que de lire cette date m’a interpellé. Nous vivons sous un flot continu d’informations, une horreur en chassant une autre, de sorte que le temps se dilue, perd peut-être de sa densité. Ce roman permet de comprendre ce qu’il en a été, ce qui s’est passé, comment en quelques jours dans la sidération de la communauté et des instances internationales habituées à débattre avant d’agir, une communauté a sauvagement réussi à en exterminer une autre en quelques jours.
J’ai envie de dire chef d’œuvre pour ce roman à lire tant il est réaliste (je me suis d’ailleurs à de nombreuses reprises posée la question de savoir s’il ne s’agissait pas d’un récit). Ce n’est pas le cas et c’est dommage car l’histoire de Rose, Daniel et Joseph méritait d’exister, bien davantage que celle bien réelle du Rwanda, le pays aux mille collines…
☆ Colette et Jacques – Olivier Duhamel
Ce n’est pas forcément un coup de cœur au sens littéral mais un livre qui m’a passionné parce qu’il conte le destin d’une famille qui participa à l’histoire politique de notre pays.
Il faut dire que je m’attendais à une histoire d’amour et de destin féminin flamboyant mais j’ai très rapidement compris que la quatrième de couverture nous induisait en erreur.
Une fois ma déception surmontée, je me suis surprise à tourner les pages pour mieux comprendre cette période politique instable de la IVe et Ve République. Ce livre s’adresse plus donc davantage à ceux qui aiment l’histoire politique et qui aimeront la traverser avec l’histoire de cette famille. J’ai toujours eu du mal avec cette période historique car justement trop politique, et je trouve que de pouvoir la lire à travers des êtres humains, la rend plus digeste et accessible.
Jacques a 17 ans quand il entre dans la résistance, il restera passionné par la politique et l’action publique au point de mener une brillante carrière au sein de la plupart des gouvernements de la IVe République et de finir ministre sous la Ve. Sa femme Colette aime la littérature et deviendra éditrice, d’abord aux éditions de la Table Ronde puis aux côtés de Claude Gallimard.
Ce couple passionné, engagé mène des carrières exigeantes qui prennent une place folle dans leur vie (ce qui est aussi le témoignage d’une époque et d’une génération) tout en réussissant à maintenir leur famille unie. Mais c’est aussi en cela que ce roman témoigne d’une époque et d’une génération avec laquelle on traverse la fin du 20e siècle.
On est souvent bien plus proche de l’essai historique que du roman mais j’ai pris du plaisir à le lire et puis probablement que je ne l’aurais pas lu si le titre et la quatrième de couverture avaient été autres. C’est bien aussi de lire des choses auxquelles on ne s’attend pas et puis j’adore me sentir plus intelligente quand je referme un livre… ou plus cultivée.
A lire sur la même période l’excellent “Madame S” de Sylvie Lauberg qui lui par contre, parle d’un destin féminin hors du commun.
☆ Le bonheur est dans le peu – Francine Jay
Dans la série des livres à lire sur le minimalisme et le désencombrement mais moins extrémiste que “La magie du rangement” de Marie Kondo, voici un petit bouquin qui devrait faire votre bonheur. En tout cas, il a fait le mien !
Si vous avez décidé de ne plus vous laisser envahir, submerger par les objets (et je pense que cette période de sortie de confinement est propice à ce genre de résolutions) et que vous êtes allergique à toute forme de dirigisme, que vous préférez y aller en douceur, ce livre va vous combler.
Francine Jay y parle de bien de méthode streamline en 10 points mais il s’agit davantage d’adopter une démarche raisonnée et de pas mal se questionner afin de changer notre regard sur toutes ces choses matérielles que nous entassons pour tenter de faire taire ce perpétuel sentiment de frustration qui nous tient sous sa coupe (bonjour les virées shopping pour tenter vainement de s’en libérer ! Vous savez de quoi je veux parler).
Il y a quelques règles “save your life” comme celle de vider entièrement une pièce pour pouvoir constater à quoi ressemble cet espace quand nous ne l’envahissons pas, avant d’y remettre seulement les choses essentielles… Je vous le conseille, c’est très puissant et cela aide vraiment à trier efficacement et à “visualiser” dans quel genre d’environnement on aimerait vivre.
Ou encore la règle “In et out” qui est celle qu’on utilise en gestion des stocks et qui permet de conserver un niveau acceptable d’immobilisations (les stocks coûtent chers). Ainsi chaque fois que l’on achète quelque chose, on doit se séparer d’une chose équivalente, ce qui permet de ne plus se laisser dépasser et envahir. Plus facile à dire qu’à faire mais cette règle est vraiment une vraie solution à l’encombrement, notamment une fois que l’on a fini de trier.
J’ai envie de dire que l’on ne lit jamais assez de ce genre de livres qui ont l’avantage de nous pousser à l’action après les avoir lu. Peu importe que cela ne dure pas, à force de trier on devient minimaliste, alors investir quelques euros pour relancer son envie de vider, ce n’est jamais trop cher payé.
Il y a déjà des titres qui vous tentent dans cette sélection ou il y a des titres que vous avez lu ?
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2 Comments
The City and Beauty
coucou j en note quelques uns pour plus tard, certains me donnent très envie pour cet été, merci pour tes avis détaillés
Emma
Avec plaisir !
Merci pour ton passage par ici et ton petit commentaire 🙂