Feu – Maria Pourchet : mon avis
Ce titre en 3 mots : Désir / Lucide / Brûlant
C’est en parcourant une revue de littérature que je suis tombée sur un portrait de Maria Pourchet pour la sortie de son dernier roman : “Tressaillir”.
J’ai immédiatement eu envie de découvrir son écriture et son univers – j’aime les romans contemporains qui parlent de passion, de l’amour et de la difficulté d’aimer.
Je trouve qu’ils apportent toujours à notre propre réflexion sur le sujet, qu’ils nous aident à grandir, à mieux aimer et aussi parfois nous consolent de nos propres déboires.
Ce roman n’était pas disponible à la médiathèque, aussi je me suis rabattue sur deux autres de ses titres : “Rome en un jour“(dont je parlerai plus tard) et “Feu”, que j’ai littéralement “dévoré” le temps de deux soirées.
Sommaire
☆ Résumé de “Feu” de Maria Pourchet
“Feu”, c’est l’histoire de Laure et Clément, deux êtres ordinaires qui s’embrasent. Elle, professeure, épouse et mère, engluée dans un quotidien sans surprise. Lui, banquier désabusé, pragmatique, avec un chien pour unique confident.
Une rencontre, un regard, un baiser dans une voiture et tout s’enflamme.
Commence alors une relation où le désir se heurte à la vie domestique, où l’urgence de vivre se cogne à l’impossibilité de tout quitter.
C’est cru, lucide, vibrant : un roman sur l’amour adultère, mais surtout sur ce qu’il réveille – ce feu intérieur que chacun porte et craint d’allumer.

☆Pourquoi lire ce livre
✨ Parce que c’est un roman incandescent
Maria Pourchet capte l’instant précis où le désir surgit, où tout vacille, avec une intensité rare.
✨ Parce que c’est un miroir de nos contradictions
Vouloir aimer et rester raisonnable, brûler et se protéger, fuir l’ennui mais ne pas se perdre.
✨ Pour le style qui claque
L’écriture nerveuse, rythmée, franche du collier, orale, qui s’affranchit pour oser sans enjoliver
☆ Mon avis en quelques lignes
Le titre donne le ton : Feu.
L’amour comme un feu qui s’allume – une étincelle, puis c’est l’embrasement.
Dès les premières pages, on sent dans l’écriture de Maria Pourchet cette tension à vif.
Le roman alterne les voix de Clément et Laure, deux êtres que tout oppose mais que le désir va rapprocher, puis consumer.
Les chapitres courts, les dialogues intériorisés, le style oral et tranchant donnent au texte une énergie folle.
Maria Pourchet écrit avec un scalpel : chaque phrase tranche dans le vif, met à nu les zones brûlantes de l’intime. Impossible de s’en détacher, le style hypnotise, la tension ne faiblit jamais.
J’ai enchaîné les chapitres dans une sorte d’addiction extatique et j’ai refermé le livre bien trop vite, à mon grand regret.
Il faut dire que je suis assez fan des histoires d’amour contemporaines, dans la lignée de “On ne meurt pas d’amour” de Géraldine Dalban-Moreynas.
Ce que j’ai aimé, c’est cette lucidité : ici, pas d’amour idéalisé, mais un amour qui consume, qui met à nu les manques et la solitude.
Clément est riche, désabusé, il incarne la lassitude moderne.
Laure, quant à elle est enfermée dans une vie rangée, cherche de l’air, une brèche, une étincelle pour se réveiller de ses années d’endormissement
Leur rencontre n’est pas un conte de fées : c’est une combustion.
Leur désir se croise, s’enflamme, l’amour surgit de cette relation inattendue mais ils ne parviennent jamais à s’ajuster pour le vivre pleinement.
J’ai développé une vraie tendresse pour Clément – cet homme sans élan, sans spontanéité, si loin de ce que j’aime d’ordinaire, mais dont la fragilité et les blessures m’ont touchée.
Laure, elle, est plus cérébrale mais tout aussi passionnelle, capable de petits actes de folie : des rendez-vous volés dans des hôtels, ou fuir une maison de vacances en Italie pour rejoindre son amant ailleurs.
Et que dire de Vera – adolescente brillante, insolente et d’une lucidité redoutable – qui ose tout et met des mots cinglants sur le désordre des adultes.
Elle m’a rappelé Izzy, la jeune rebelle de “La saison des feux “de Celeste Ng, un roman que curieusement je lis en parallèle et qui parle aussi de feu.
Je vous recommande le moment où Laure, en mère soucieuse, interroge Vera sur ses leçons et lui demande de lui parler d’Andromaque, passage du livre qui est carrément culte, mémorable, se concluant par un audacieux :
“Total, c’est moi qui t’ai fait cours. J’y vais.”
Feu m’a rappelé les livres de Claire Castillon : même écriture brute, sensuelle, sans fard.
Et cette fin ! Un vrai twist de polar, aussi inattendu qu’éblouissant, mais je ne vous en dis pas plus…
Cette femme s’appelle Laure, elle m’aime, comme quoi. Pour le moment aveugle mais pas trop con, Laure comprend peu à peu ce qui l’attend en termes de nous. Rien. Absolument rien au-delà du pronom. C’est une femme avec des idées, je suis un homme avec un chien, je ne peux pas être partout. Je ne supporte que les fictions, elle a toujours la nostalgie de la vérité. Ses idées c’est vivre, les miennes c’est attendre, un chien devant moi. Bref, vous voyez.
À qui conseiller ce livre ?
À ceux qui aiment une écriture nerveuse et contemporaine, les histoires d’amour qui finissent mal, réfléchir sur le désir et l’amour, le temps qui passe, l’infidélité et l’envie de fuir l’ennui de sa vie.
☆ Quelques mots sur l’autrice

À propos de l’autrice :
Maria Pourchet est une romancière et scénariste française née en 1980 à Épinal.
Révélée par « Avancer », elle s’impose comme une voix singulière de la littérature contemporaine par son écriture vive, incisive et contemporaine.
Ses romans, dont « Feu » ou « Rome en un jour », explorent les tensions du couple, le désir, la solitude, les désordres intimes et la société moderne avec une lucidité saisissante et une rare acuité.
☆ A lire aussi – idées lecture
- Rome en un jour – Maria Pourchet : une réflexion brillante sur le couple, la lassitude et l’impossibilité d’aimer sans se brûler.
- Pour la peau – Emmanuelle Richard : un roman charnel et fiévreux sur le désir féminin, quand l’addiction de l’autre prend toute la place – Ma chronique est à lire ici.
- Le mal joli – Emma Becker : le récit d’une femme écartelée entre sa vie d’amante et celle de mère, où le désir devient à la fois feu et déchirement.
- On ne meurt pas d’amour – Géraldine Dalban-Moreynas : une autre histoire d’amour fou qui déraille – Ma chronique est aussi sur le blog.
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Avez-vous déjà lu Maria Pourchet?



