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Romans

Les jolis garçons -Delphine de Vigan

Je fais partie de ces lectrices qui furent conquises par “Rien ne s’oppose à la nuit » et depuis Delphine de Vigan est un peu entrée dans ma vie.

Les livres étant une sorte de longue conversation avec un auteur, j’ai eu envie de poursuivre celle-ci en ouvrant un autre de ces livres.

Le titre m’a accroché, une quatrième de couverture un peu énigmatique, le thème est l’amour, ça tombe bien en ce moment j’ai justement envie de lire des histoires de rencontre, de couples qui se font et se défont, d’essayer de comprendre une fois de plus le pourquoi et le comment de nos relations amoureuses au travers de l’histoire des autres, fusse-t-elle romancée…

Emma est une amoureuse qui livre dans ce court roman trois de ses rencontres. Trois hommes différents qu’elle a aimé à sa manière.

Honnêtement j’ai eu du mal à accrocher dès le départ. L’écriture n’est pas en cause, Delphine de Vigan sait mettre les mots justes sur les états intérieurs de ses personnages.

Mais le fonctionnement psychologique d’Emma est tellement éloigné du mien que j’ai eu un mal fou à m’identifier à elle ou même à la comprendre. J’avoue que le premier récit (Mark Stevenson)  m’a mis un peu mal à l’aise car si Emma n’est pas si éloignée de nous toutes… Amoureuse, elle entre dans le cycle de ces longues journées dédiées à l’attente de l’être aimé (cycle que nous traversons toutes à un moment de notre existence) , son attente devient néanmoins devint disproportionnée, lui fait abandonner son emploi, toute vie sociale… Elle verse dans la folie, sort du réel. C’est là que je n’ai plus accroché…

Par contre on retrouve avec les deux récits suivants (Ethan Castor et Milan Mikaev), celui d’une jeune femme qui tente de gérer au mieux une relation qu’elle sait impossible dès le départ. J’ai aimé cette façon qu’elle a de laisser venir à elle ces histoires d’amour tout en gardant une certaine distance.

J’ai été touchée par cette manière qu’elle a de rester en dehors, d’observer l’autre sans le juger, de ne pas chercher à tout prix à le retenir ou à l’obtenir, de ne pas mettre de la passion désespérée là il serait si facile de s’y laisser glisser. Finalement Emma est beaucoup plus raisonnable que ce qu’elle n’avait semblé l’être dans la première partie même si à certains moments on sent qu’elle est sur le fil.

J’aime cette femme qui ne se refuse pas une histoire même sans avenir, qui porte un nom incroyable, qui sait répondre avec esprit et humour, qui est allergique au vin rouge, qui aime trainer dans les cafés et le goût des hommes, qui ne se perd pas dans de l’introspection mais aime observer les autres vivre. Cette fille un peu bizarre, qui peut déborder à tout moment, sans attaches ou projets qui prend la vie comme elle vient.

Quelle surprise que ce petit livre ! Emma la fille qui aime se raconter des histoires et s’y perdre, cette fille totalement dépendante affectivement évolue, et finit par débusquer la fable derrière l’histoire d’amour pour réussir à s’en échapper.

J’ai aimé la plume de Delphine de Vigan à la fois légère et douloureuse. Cette plume qui sait conter des histoires qui nous paraissent à la fois si déroutantes et si familières. Comme si le romancé n’était là que pour surligner ce que la vraie vie recèle elle-même de folie. Comment ne pas s’attacher à Emma, cette fille un peu perdue qui se cherche au travers de ses histoires d’amour invraisemblables mais qui se révèle finalement pas si tordue que cela…

En définitive, après un premier contact qui aurait pu me faire refermer ce livre sans le terminer, j’ai fini par adorer.

Georges Brassens a dit “qu’on ne doit pas rentrer dans une chanson comme dans un moulin”. Je pense que c’est aussi le cas avec certains livres, certains nécessitant d’être relu pour en apprécier l’histoire ou les mots.  J’ai donc appliqué ce principe et lu une seconde fois “Les jolis garçons” pour pouvoir me défaire de l’apriori que je m’étais forgé à la première lecture.

Delphine de Vigan sait mettre les mots justes sur ce qu’on vit à l’intérieur sans que ça paraisse malsain ou bizarre, c’est comme ça il faut l’accepter c’est tout ! Accepter nos émotions c’est les rendre légitimes, humaines, sans honte. Je crois que c’est ce que j’apprécie le plus chez elle, cette façon tellement évidente de raconter ce que nous sommes et qui nous soulage de nos propres maux, bizarreries, incohérences et autres turpitudes intérieures.

 

 

Delphine de Vigan les jolis garçons

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One Comment

  • Faith

    J’ai découvert Delphine De Vigan par No et moi que j’ai adoré. J’ai donc ajouté Rien ne s’oppose à la nuit dans ma PAL, et de ce que je viens de lire, j’ajoute Les jolis garçons dans ma Wishlist! Merci pour cet avis, j’en tiendrai bien compte si comme toi j’ai du mal au début!

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