
Nous les Menteurs : une série troublante à ne pas manquer
Cette série en 3 mots : Esthétique / Émotionnel /Troublant
Il y a des histoires qu’on croit connaître et qui parviennent quand même à nous bouleverser.
La lecture de “Nous les menteurs” avait déjà été pour moi un choc littéraire.
Le genre de roman qui nous laisse hébétés, qui nous pousse à tout relire une fois le dénouement révélé.
J’étais donc très curieuse (et un peu inquiète) de découvrir l’adaptation.
Verdict ? J’ai été totalement embarquée et bouleversée.
Sommaire
☆ Le pitch de “Nous les menteurs”
Chaque été, les membres de la richissime famille Sinclair se retrouvent sur leur île privée, Beechwood Island. Autour du puissant grand-père Harris et de sa femme, se réunissent leurs trois filles et leurs 7 petits enfants.
Un cadre digne d’un eden, des maisons parfaites, et des enfants qui grandissent entre rires et liberté.
C’est une parenthèse idyllique pour les enfants qui grandissent dans ce cadre privilégié
Les cousins, Cadence, Johnny et Mirren forment avec Gat – un neveu du compagnon d’une des trois mères – le quatuor inséparable des “Menteurs”, toujours prêt à fomenter une folie ou un nouveau jeu.
Tout semble n’être que rires, jeu et insouciance.
Mais l’été 16, tout bascule.
L’adolescence est là, les premiers drames, les premiers amours et surtout la collision avec le réel, le monde des adultes et aussi de ce qui peut les séparer.
Un soir, Cadence est retrouvée inanimée sur la plage. Elle a tout oublié. Mais elle veut comprendre. À tout prix.
Et peu à peu, la vérité émerge.
Une vérité à laquelle, même quand on croit être préparé, on ne l’est pas.
☆Pourquoi regarder cette série
✨ 1. Pour son atmosphère aussi solaire que troublante
L’île, les lumières dorées, les repas en terrasse, la fête des citrons… tout semble parfait. Et pourtant, sous la surface, tout vacille. Cette tension entre beauté apparente et drames souterrains est magnifiquement rendue à l’écran.
✨ 2. Parce qu’elle aborde des thèmes profonds sous un vernis de légèreté
Sous l’histoire de ses étés en famille se cachent des réalités plus dures : le deuil, la mémoire fragmentée, la loyauté, la reproduction des violences familiales, mais aussi le rejet de la différence. Gat, l’un des « Menteurs » et Ed – l’amoureux de l’une des mères – n’ont pas la bonne couleur de peau pour faire partie du clan. Et dans la famille Sinclair, l’héritage ne se transmet pas à ceux qui dépareillent sur la traditionnelle photo de famille.
✨ 3. Pour la justesse du casting et l’émotion finale
Les jeunes acteurs incarnent totalement les personnages, les mères sont verrouillées par le souci des apparences, parfaitement stylées, mais terriblement rigides. Et le twist final, qui renverse tout ce qu’on croyait savoir, vient nous cueillir là où on ne s’y attendait pas.
☆ Mon avis en quelques lignes
J’ai été totalement captivée par cette série « Nous les menteurs » et cela jusqu’à l’uppercut final.
Il faut dire que j’avais totalement oublié la fin.
Cependant je crois que j’ai été davantage bouleversée par la série que je ne l’avais été par le livre. Mais nos souvenirs sont-ils toujours fiables ?
J’ai aimé que le drame ne soit pas surjoué, que la mémoire de Cadence se reconstitue tout au long du film, en filigrane, en même temps que celui-ci relate l’amitié hors du temps de ces quatre jeunes, soudés par leur clan des « Menteurs ».
Cette progression donne à l’intrigue une tension lente mais constante. C’est une série qui prend son temps, qui nous happe peu à peu, sans qu’on en ait conscience. Impossible de décrocher !
J’ai aussi été frappée par la justesse du casting : les jeunes acteurs sont crédibles, sensibles sans excès, et les adultes – surtout les mères – sont flippantes dans leur obsession de contrôle. On sent que tout repose sur le paraître, sur ce qu’il ne faut pas dire, pas montrer, pas penser.
Et que dire de l’histoire d’amour entre Cadence et Gat… ♥
Un amour pur, entier, que rien ne semble pouvoir entraver et qui submerge Cadence, à sa propre surprise.
C’est un premier amour avec ses maladresses, ses promesses, solaires, embrassé, irrésistible qui va devoir se confronter au monde intransigeant des adultes qui les entoure, et principalement aux règles de la famille Sinclair.
Le personnage de Gat, en particulier, m’a beaucoup touchée.
Il cristallise ce que la famille Sinclair refuse de regarder, leur rapport biaisé au monde, leurs privilèges exorbitants et le refus de l’altérité, notamment de la part du grand-père, Harris.
Gat est celui qui dérange, celui qu’on n’intègre que jusqu’à un certain point.
Il va être celui qui apporte un contrepoint, dénonçant les injustices sociales et raciales, il ouvre les yeux du petit clan sur leur vie privilégiée à l’écart des vraies réalité du monde, les conséquences de leurs comportements et souligne ceux problématiques des adultes de leur famille.
L’esthétique de cette série m’a totalement séduite : la lumière, les couleurs, la mise en scène des repas, la fameuse fête des citrons est carrément époustouflante, les mères sont hyper stylées, le film est également très sensuel. Cadence a un petit air à la Bardot qui vient ajouter à ce mix d’élégance et de sensualité.
Parfois c’est presque trop.
Et c’est précisément ce contraste qui fonctionne : la beauté écrasante du décor face à la laideur feutrée de ce qui tourmente, habite ou motive les adultes qui les entoure.
L’île est à la fois refuge et prison dorée. Un lieu hors du monde… et hors du temps.
On pourrait penser que « Nous les menteurs » étant l’adaptation d’un livre estampillé littérature jeunesse, il est très superficiel et c’est tout le contraire.
Si Beechwood n’existe pas, l’autrice E. lockhart s’est inspirée à la fois de la littérature (il y a d’ailleurs, dans la série, un clin d’œil aux “Hauts de Hurle-Vent” ) mais aussi des somptueuses résidences de familles fortunées qu’elle pouvait voir quand elle prenait le ferry. Elle assume de raconter des histoires pour dénoncer ce qui la touche, et ici en l’occurrence, il s’agit de l’extrême richesse qui place certains en dehors du monde ordinaire, le mythe des familles parfaites et… le racisme. Or, on le sait depuis le mouvement Black Lives Matter, l’Amérique a un vrai problème – et un déni persistant – face à cette question.
Je n’aurais donc qu’une petite réserve : je suis heureuse d’avoir lu le livre avant d’avoir regardé la série.
Car je sais que si j’avais vu la série d’abord, je ne serais pas allée vers le roman.
J’ai souvent ce blocage quand un film ou une série prend trop de place dans mon imaginaire. J’ai eu le même problème avec la série “Un jour” (je n’arrive pas à progresser dans le livre de David Nicholls depuis que j’ai vu l’adaptation).
« Nous les menteurs » échappe à ce piège uniquement parce que j’avais déjà eu l’occasion de le lire – même s’il y a déjà pas mal de temps.
Du coup pour “L’amour ouf”, je me suis obligée à terminer le livre avant de voir le film !
En tout cas, cette série m’a permis de revivre ce choc littéraire différemment, de façon plus visuelle, plus sensorielle, mais sans trahir l’émotion originelle.
Faut-il vous préciser que j’ai pleuré à chaudes larmes lors du dénouement ?
Mais je ne vous en dis pas plus.
D’ailleurs Cadence, elle-même vous invite à lire le livre (avant) ↓
A qui je recommande cette série ?
Pour celles et ceux qui aiment les histoires à twist, qui cherchent un drame psychologique profond à l’esthétisme léché, pour ceux qui sont convaincus que les séries pour « jeunes » peuvent parfois être beaucoup plus intéressantes que prévu ou tout simplement pour ceux qui aiment les séries américaines.
Inutile de vous dire que vous pouvez en profiter pour faire lire le roman à vos ado – même récalcitrants à la lecture – et voir la série avec eux pourrait ouvrir des discussions intéressantes.
8 épisodes | Durée totale : env. 6h – Prime Video
☆ A lire et voir aussi – pour prolonger l’expérience
- Nous les menteurs – E. Lockhart– Vous pouvez lire ma chronique sur ce livre
- Petits secrets, grands mensonges – Liane Moriarty – Et il existe aussi la série « Big little lies » adapté du roman.
☆☆☆
Connaissiez-vous l’histoire de “Nous les menteurs”?

