
Prodigieuses creatures -Tracy Chevalier : mon avis
Ce roman en 3 mots : Roman historique/ Science/ Femmes effacées
Quand on est une grande lectrice, acheter des livres de poche l’été est un bon plan : il y a souvent un titre offert.
Cette année, cela m’a permis de faire deux lectures supplémentaires : celle-ci, “Prodigieuses créatures” et “Dîner à Montréal” de Philippe Besson, dont je vous ai déjà parlé.
J’avais déjà lu “La dernière fugitive” de Tracy Chevalier, et j’avais beaucoup aimé sa plume – cette manière de mêler récit historique et histoire romanesque. Je m’étais toujours dit que je lirais d’autres de ses romans.
Pour celui-ci, c’est fait !
Sommaire
☆ Résumé de “Prodigieuses créatures” de Tracy Chevalier
Début du XIXe siècle, à Lyme Regis. Mary Anning, jeune fille pauvre à l’instinct inégalé pour découvrir des fossiles, arpente les falaises battues par le vent pour aider sa famille à survivre.
Lorsqu’Elizabeth Philpot, vieille fille londonienne passionnée de sciences, s’installe dans la région, les deux femmes que tout oppose se lient d’amitié autour de leur fascination pour les « prodigieuses créatures » enfouies dans la pierre.
À elles deux, elles vont faire des découvertes majeures, bouleversant les fondements de la science de l’époque. Mais l’amitié va se heurter à la rivalité scientifique, à la jalousie, à un amour contrarié, et surtout à la société patriarcale qui les ignore ou les méprise.
Car Mary, malgré ses talents, est tenue à l’écart des cercles savants, tandis qu’Elizabeth se débat avec sa propre solitude et son besoin de reconnaissance.
Ce roman raconte leur lien complexe : admiration, trahison, réconciliation.
Et au cœur de tout cela : deux femmes qui, chacune à leur manière, tentent de s’affranchir de ce que l’époque attend d’elles.
☆Pourquoi lire ce livre
✨ 1. Pour découvrir une pionnière oubliée de la paléontologie
Mary Anning a réellement existé, et son travail a été essentiel. À travers leurs découvertes paléontologiques (dont certaines majeures), Tracy Chevalier redonne leur juste place à ces femmes pionnières, ignorées par les institutions savantes de leur temps. Ce roman éclaire les débuts de la paléontologie et la manière dont le savoir a longtemps été confisqué par les hommes.
✨ 2. Parce que c’est un roman d’amitié entre femmes fortes, complexes et passionnées.
Mary Anning et Elizabeth Philpot incarnent deux formes d’émancipation dans une société rigide : la première par le geste, l’instinct, le travail acharné ; la seconde par l’esprit, la culture et la résistance intellectuelle. Leur lien, fait de solidarité mais aussi de jalousie, reflète la complexité des relations entre femmes dans un monde d’hommes. J’ai aimé que ce ne soit pas une sororité idéalisée, mais une amitié vivante, mouvante, parfois blessante – et profondément réelle.
✨ 3. Parce que c’est un livre sensoriel
La côte de Lyme Regis est un personnage à part entière : brume, sel, craie, falaises qui s’effondrent… tout respire la rudesse et la beauté brute. Tracy Chevalier excelle à recréer des atmosphères : on sent le froid, la boue, le sel, mais aussi l’adrénaline des découvertes et j’ai véritablement eu l’impression de ressentir, ce que leur passion leur demandait d’affronter physiquement.
☆ Mon avis en quelques lignes
Déjà rien que le titre me semblait prometteur !
Et j’ai effectivement eu un vrai coup de cœur pour ce roman à la fois passionnant et accessible. J’ai adoré plonger dans cette Angleterre du XIXe siècle à travers les yeux de deux femmes qui refusent de rester à leur place.
Mary est brute, instinctive, ancrée dans la terre. Elizabeth est plus réservée, mais tenace. Elles n’ont rien en commun, et pourtant, leur lien est magnifique, fait de respect, de blessures, d’admiration et de silence.
J’ai aimé la manière dont Tracy Chevalier montre que la sororité, ce n’est pas toujours simple. On se soutient, on se jalouse, on se blesse parfois, mais au fond, on avance ensemble.
Et puis il y a ce cadre : les falaises, les tempêtes, les fossiles à extraire à la main, dans la boue et le froid – on y est. On sent l’odeur du sel, la tension d’une découverte, la solitude des femmes trop curieuses.
Bref, un roman documenté sans être lourd, féministe sans le dire, émouvant sans pathos. Je l’ai refermé avec l’impression d’avoir creusé quelque chose de profond.
Je savais qu’elle n’avait pas une haute opinion de moi, car j’étais l’incarnation de ce qu’elle ne voulait pas que Mary devienne : une vieille fille obsédée par les fossiles. Je comprenais ses craintes. Ma mère non plus ne m’aurait pas souhaité cette vie-là -pas plus que je ne me l’étais souhaité moi-même il y a quelques années. Pourtant, maintenant que j’avais cette vie-là, elle ne me paraissait pas si mal. À certains égards, je jouissais de plus de liberté que les filles de bonne famille qui avaient trouvé à se marier.
☆ Bilan de ma lecture
Un roman puissant et limpide qui met à l’honneur deux femmes hors normes.
J’ai été happée par cette amitié complexe entre Mary et Elizabeth, entre fascination, jalousie et admiration.
L’écriture est fluide, les dialogues sonnent juste, et les falaises de Lyme m’ont laissé une impression tenace. Un très beau texte sur l’émancipation, la passion, et les silences qui lient.
A qui conseiller ce livre ?
- À celles et ceux qui aiment les romans historiques incarnés.
- Aux passionné(e)s de sciences, de nature, de récits de femmes invisibilisées.
- À ceux/celles qui ont aimé La jeune fille à la perle et veulent retrouver cette écriture élégante et fluide.
☆ A lire aussi – idées lecture
- La jeune fille à la perle – Tracy Chevalier
- L’empreinte de toute chose – Elizabeth Gilbert – Alma Whittaker est une botaniste autodidacte au au XIXe siècle, curieuse de tout et passionnée, qui va tracer son sillon malgré les embûches.
☆☆☆
Quel autre titre me conseilleriez-vous de Tracy Chevalier ?
