Tout le bleu du ciel : Faut-il regarder le film sur Netflix ?

Hier au boulot, une de mes collègue se précipite sur moi pour me demander, les yeux brillants, si j’ai visionné le film “Tout le bleu du ciel”.

Elle sait que j’ai adoré le roman, aussi s’inquiète-t-elle de mon avis pour savoir à quoi s’attendre.

Alors de retour à la maison, vous vous en doutez, je me suis installée confortablement dans le canapé et j’ai mis Netflix.

Moi aussi je voulais savoir ce que j’en pensais.

D’autant que j’ai commencé la semaine dernière la lecture de “Tenir debout”, autant rester dans l’univers de Mélissa Da Costa. 

☆ Résumé du film “Tout le bleu du ciel” de Maurice Bartelemy

Emile vient d’apprendre qu’il est atteint d’une forme précoce d’Alzheimer.

Il n’a que 26 ans et n’a aucune envie de passer à l’hôpital, la dernière année qu’il lui reste à vivre.

Il décide d’entreprendre un road-trip mais de le faire accompagné.

Il poste une petite annonce pour trouver ce compagnon de voyage.

C’est Joanne qui répond.

Les voici embarqués dans un petit van, avec leurs drames intimes enfouis au fond d’eux-mêmes et plusieurs mois devant eux pour se rencontrer.

Si c’est le voyage de la fin pour Emile c’est aussi celui de la guérison et de l’avenir qui s’ouvre à nouveau pour Joanne.

 

☆Pourquoi regarder “Tout le bleu du ciel”

 

• Pour voir les personnages de Joanne et Emile prendre vie

Quand on a beaucoup aimé des personnages d’un livre, on a envie de les rencontrer en “chair et en os”.

Ce n’est pas le plus facile car selon ce qu’on a imaginé d’eux, cela va coller ou pas avec les choix du réalisateur.

Camille Lou et Hugo Becker jouent très bien mais personnellement ils seront toujours les personnages de CE film et non pas mon Emile et ma Joanne de ma lecture de “Tout le bleu du ciel”.

 

• Pour l’esthétisme soigné des images

Les paysages des Pyrénées sont sublimés par une mise en scène contemplative.

Chaque plan semble conçu pour capturer la beauté du monde, renforçant l’idée que chaque instant compte.

 

• Pour l’histoire bouleversante et universelle

Que ferions-nous s’il ne nous restait que quelques mois à vivre ? Comment apprend-on à lâcher prise ?

Le film offre un voyage autant extérieur qu’intérieur, avec des moments de grâce qui nous marquent profondément.

 

☆ Mon avis sur  le film Netflix “Tout le bleu du ciel ”

 

Je vais commencer très fort : j’ai été déçue par cette adaptation

Je n’ai absolument pas ressenti la palette d’émotions qui m’a traversée pendant la lecture du roman de Mélissa Da Costa.

Le film est beau, les images sont magnifiques, du van mythique couleur “Poil de Carotte” surnommé Robert, au logement à la décoration réussie sur le village d’Eus, à la lumière si particulière de l’Occitanie et à la beauté incontestable des endroits traversés, l’esthétisme est bien présent.

Peut-être trop finalement et au détriment des émotions.

J’ai trouvé Camille Lou très juste et magnifique (cela rejoint l’esthétisme du film) mais ce n’était pas du tout l’image que je me faisais de Joanne, (ni d’Emile, non plus).

L’une des caractéristiques des romans de Mélissa Da Costa, c’est de dépeindre des personnages qui sont très proches physiquement et émotionnellement de son lectorat et dans ce film, c’est comme si on avait créé une distance entre nous.

Le problème est là : j’ai trouvé le film particulièrement soigné mais je n’ai pas vibré.

A noter la petite apparition de Mélissa Da Costa, en gendarmette contrôlant nos deux personnages stationnant dans un cimetière. Un petit clin d’œil hitchcockien.

L’avez-vous reconnue ?

 

 

Par ailleurs, le livre permettait, à travers ce road trip, de découvrir la beauté encore préservée de ma région (ahah ceux qui me connaissent bien savent combien je l’aime et la défend) mais dans le film au final on la voit uniquement en toile de fond.

C’est à peine si on entrevoit Eus qui est quand même l’un des plus beaux villages de France, ou le bas d’un des chalets de Gruissan alors la zone de chalets est quand même très large.

Je signale que Gruissan a même une mini reconstitution du chalet de “37.2° le matin”, qui se trouve à un rond point par lequel nos personnages auraient pu passer, le film faisant souvent référence à cette œuvre mythique.

Pour moi, il manque aussi le plus important, les flashbacks qui permettent de comprendre le drame intime de Joanne. Dans l’adaptation cinématographique, c’est comme si c’était accessoire à la maladie d’Emile alors que le titre même du livre renvoie à ce drame.

Personnellement je regrette aussi qu’ait été coupé le passage à Peyriac-de-mer et la navigation sur l’étang. J’attendais ce passage avec impatience autant pour le rendu visuel que pour la richesse émotionnelle de cette escale.

Quant à la fin du film, on en parle ?

Bien sûr filmer la scène finale sur la passerelle du ponton de Leucate qui s’avance dans la mer est un très beau choix esthétique (c’est aussi symboliquement notre pont des Arcs puisque les amoureux viennent y accrocher leurs cadenas) mais je préférais la fin choisie par Mélissa Da Costa.

Elle est plus logique et réaliste avec l’esprit de l’histoire et l’évolution de la maladie d’Emile.

Le film donne l’impression d’avoir pris un raccourci : Emile est à l’hôpital, Joanne l’enlève pour le ramener au point de départ de leur voyage. C’est beau, c’est romantique, il meurt et c’est fini.

Cependant je vais tout de même tempérer mon avis car une adaptation cinématographique est rarement un copié collé du roman.

La scénariste et le metteur en scène font des choix, il est souvent difficile de pouvoir comparer.

Dans le cas d’un roman culte comme “Tout le bleu du ciel” de Mélissa Da Costa, qui nous a tous bouleversé et qui fait quand même plus de 600 pages, il était évident qu’on ne pourrait qu’être déçu et qu’il y aurait des coupes.

Par contre, pour ceux et celles qui n’ont pas encore lu le livre, je pense que ce film va leur donner l’envie irrépressible de se jeter sur le livre et peut-être de vouloir découvrir les autres romans de Mélissa Da Costa ↓ que vous pouvez découvrir ci-dessous.

 

 

 

☆ Bilan sur ce film

 

Je pense que contrairement au livre culte, le film “Tout le bleu du ciel” de Maurice Barthélemy ne rentrera pas dans les œuvres mythiques.

Pour moi, c’est simple :

Si vous avez lu le livre, il y a de grandes chances que vous soyez déçus car Joanne et Emile ne ressembleront pas à ce que vous en avez imaginé, tout comme les 1h30 de pellicule ne restituent pas la richesse émotionnelle dans laquelle nous immergent les deux personnages de papier au travers des 600 pages du roman.

Je n’ai pas retrouvé les émotions, ni la poésie, ni l’implication dans les remèdes naturels et l’environnement de Joanne, ni la magie de leur relation ou celle qu’ils nouent avec Myrtille à Eus.

Je n’ai pas pu pleinement contempler la beauté de ma région qui était quand même un des “personnages secondaire” du livre, et devient ici un simple accessoire esthétique, un décor, un faire valoir de l’histoire de Joanne et Emile. C’est une vraie frustration pour moi !

C’est dommage car parfois l’adaptation est réussie.  Je pense notamment au succès monumental de“L’amour ouf“qui n’a pas lésiné sur les détails pour nous immerger dans les années 80 ou encore à “soudain seuls” adapté du roman d’Isabelle Autissier que j’avais adoré.

C’est toujours un pari que de regarder l’adaptation d’un livre que l’on a beaucoup aimé.

Le prendrez-vous ?

 

Par contre, si vous n’avez pas lu le livre, alors il est probable que ce film vous plaira car il est beau, touchant sans être bouleversant et qu’il vous donnera l’envie de lire le roman (ce qui est déjà une excellente chose), lequel ne manquera pas de vous retourner.

Je préfère toujours lire le livre avant mais parfois on n’a pas le choix . Cela m’a d’ailleurs permit de découvrir des lectures que je n’aurais peut-être jamais faites comme “Nos étoiles contraires”, qui aborde une histoire similaire et que je vous recommande, même s’il est estampillé lecture jeunesse.

En tout cas, le film respecte le message de Mélissa Da Costa : la vie, même écourtée, mérite d’être vécue pleinement.

En attendant je vous encourage à lire le roman qui a inspiré ce film, vous pouvez découvrir ma chronique ci dessous ↓ (avec des photos notamment de Peyriac-de-mer, l’un des villages où stationnent Emile et Joanne).

 

 

Je pense que nous aurons d’autres adaptations des romans de Mélissa Da Costa car elle a communiqué, en début d’année, avoir vendu les droits de deux autres de ses romans : “Tenir Debout” et “Les femmes du Bout du monde”.

Il ne reste plus qu’à attendre !

 

Et vous, qu’avez-vous pensé du film ?