TROIS – Valérie Perrin
“Trois“ de Valérie Perrin est mon premier livre de cette auteure et certainement pas mon dernier. “Trois” est un roman sur l’amitié, l’adolescence et cette question qui nous habite tous : Pourquoi nos amitiés d’adolescence ne survivent-elles pas à l’âge adulte ?
Thème : Amitié, amour, adolescence, enfance, deuil, abandon, maladie, cancer, identité, pervers narcissique, musique, province, roman, thriller, Valérie Perrin.
Sommaire
☆ Résumé de l’éditeur
“« Je m’appelle Virginie. Aujourd’hui, de Nina, Adrien et Etienne, seul Adrien me parle encore.
Nina me méprise. Quant à Etienne, c’est moi qui ne veux plus de lui. Pourtant, ils me fascinent depuis l’enfance. Je ne me suis jamais attachée qu’à ces trois-là. » 1986. Adrien, Etienne et Nina se rencontrent en CM2. Très vite, ils deviennent fusionnels et une promesse les unit : quitter leur province pour vivre à Paris et ne jamais se séparer. 2017. Une voiture est découverte au fond d’un lac dans le hameau où ils ont grandi. Virginie, journaliste au passé énigmatique, couvre l’événement. Peu à peu, elle dévoile les liens extraordinaires qui unissent ces trois amis d’enfance. Que sont-ils devenus ? Quel rapport entre cette épave et leur histoire d’amitié ? Valérie Perrin a ce don de saisir la profondeur insoupçonnée des choses de la vie. Au fil d’une intrigue poignante et implacable, elle nous plonge au coeur de l’adolescence, du temps qui passe et nous sépare.” |
☆ Pourquoi “TROIS” est un livre à lire
☆ Pour la thématique universelle du roman : l’amitié, l’adolescence et le douloureux passage à l’âge adulte.
☆ Pour la résilience des personnages.
☆ Mon avis sur “Trois” de Valérie Perrin
“Trois” est l’histoire de trois adolescents qui fusionnent l’année de leurs dix ans. Désormais ils ne seront plus seuls, pouvant compter les uns sur les autres. Une amitié fraternelle et indestructible. C’est promis à 18 ans, ils partiront vivre ensemble à Paris et formeront un groupe de rock !
L’avenir qu’ils dessinent ensemble est radieux.
Et puis, tout bascule ce dernier été, celui du bac et de leurs 18 ans. Pierre Beau, le grand-père de Nina qui l’élève, est renversé par un camion pendant sa tournée de facteur. Nina orpheline, trouve refuge auprès du bel Emmanuel, le fils de son patron. Elle abandonne leurs rêves d’enfance pour la sécurité du mariage. Etienne et Adrien partent à Paris mais chacun dans leur coin et leurs chemins commencent à se séparer.
Pourquoi l’amitié adolescente survit elle rarement à l’âge adulte ? Comment on peut se perdre de vue lorsque l’on est aussi fusionnels ?
C’est la question qui traverse tout le roman de Valérie Perrin et à laquelle elle tente de répondre avec l’histoire de ces trois personnages.
Ce qui constitue le point de basculement de cette rupture qui va lentement se consumer, c’est l’accident du grand-père. La vie est tout sauf prévisible et les failles intérieures de Nina, Etienne et Adrien qui sont très différentes, vont brusquement s’élargir et les amener à grandir d’une manière différente à partir de cet évènement. Chacun va désormais affronter, à sa manière, ce qui le hante intérieurement, en devenant adulte. Pour Nina, c’est l’abandon de sa mère, pour Etienne, l’indifférence que lui signifie son père et pour Adrien, c’est la recherche de son identité.
La mort de Pierre Beau est le catalyseur qui fait exploser leur trio, qui bouleverse cet équilibre entre eux trois, qu’ils pensaient jusque là indestructible. Nina était le noyau autour duquel Etienne et Adrien s’étaient agrégés, c’était elle le lien, le ciment entre eux deux. En se désolidarisant, Nina, renvoie les deux autres à leurs propres tourments et à leur solitude. Pourtant au départ, ils y croient encore à leur union sacrée…
“Pour toi, nous aurons toujours une voiture neuve avec le plein d’essence.”
C’est un roman extrêmement touchant qui nous plonge entre 1986 et 2017 et qui nous pousse à la nostalgie. Celle du temps qui pouvait encore être pris, où l’on se parlait encore et vraiment, où l’on n’était pas dans l’effervescence, l’hyper-sollicitation des réseaux sociaux, l’omniprésence des écrans.
La bande son du roman so années 80/90 est un personnage à part entière du roman. D’ailleurs les trois adolescents ne vivent que pour la musique, comme c’était fréquent à cette époque. Cela me fait réaliser qu’aujourd’hui j’ai l’impression que le rêve c’est davantage de devenir influenceur que musicien, qui donne certainement l’impression que cela s’obtient avec moins d’efforts…(ce qui est totalement faux, bien sûr) mais c’est surtout beaucoup plus narcissique et autocentré.
Les trois autres personnages importants, c’est d’abord Emmanuel, le gosse de riches qui ne supporte pas la frustration et dont la personnalité perverse se déclare rapidement à l’égard de Nina qui loin d’être sauvée, se retrouve emprisonnée et isolée dans une relation toxique et dangereuse. Souffrant d’avoir été abandonnée, elle avait le profil type pour tomber dans les bras de ce genre d’individu. Le roman montre pour chacun des personnages, comment nos failles dirigent à notre insu nos vies, d’où l’importance de les détecter et les soigner soi-même, de ne pas attendre que quelqu’un d’autre s’en charge.
Lili, la directrice du refuge pour animaux, est l’autre personnage important du roman “Trois”. Femme au passé mystérieux mais tellement empathique qu’elle va être la seule à réellement tendre la main à Nina. Cela permet à Valérie Perrin d’introduire dans le roman cette cause qui lui tient à cœur, qui est celle des animaux. Elle est elle-même marraine d’un refuge et en connait bien le fonctionnement. J’ai beaucoup aimé qu’elle introduise cette dimension dans le roman et qu’elle montre le parallèle entre ces animaux abandonnés et cette solitude-abandon à laquelle nous renvoie souvent la vie.
Louise, la sœur d’Etienne est le troisième personnage avec lequel il va falloir composer car elle reste à l’écart, énigmatique tout au long du roman tout en étant très présente. On découvrira au final sa générosité, son ouverture d’esprit et sa relation si particulière avec Adrien. Là aussi je vous laisse mijoter !
Finalement, une fois les premiers combats livrés avec la vie, les premières désillusions et erreurs essuyées, les premiers regrets s’annonçant, les égos s’apaisant, nos trois personnages vont parvenir à faire à nouveau le chemin les uns vers les autres.
“Depuis quelques mois, il ne parvient plus à écrire comme avant. A présent, il se regarde et s’entend chercher de belles phrases. En voulant épater la galerie, il a conscience de perdre toute sincérité. Ecrire Blanc d’Espagne a été une nécessité. Aujourd’hui écrire signifie briller aux yeux des autres, plus sauver sa vie. Et là où il prenait un plaisir immense, ne subsiste qu’une corvée.”
C’est peut-être parce qu’adulte nous tardons trop à faire ce chemin-là que ces amitiés s’éteignent définitivement. Parfois nous sommes aussi devenus tellement étrangers les uns aux autres que l’on n’a plus envie de parcourir la distance qui nous sépare.
“Il s’empêche de penser qu’il aurait peut-être dû se bouger. Et il finit par se dire que chacun a sa vie, qu’il est impossible de sauver le monde entier. Que c’est aussi aux gens de se sauver.”
“Depuis la salle de bain, Etienne a crié : “Vous avez toujours les goûts de chiotte !” Nous sommes exactement comme ces frères et sœurs qui se retrouvent après une séparation et n’ont rien perdu de leurs réflexes. Dès qu’on libère des adultes qui ont été mômes ensemble, l’enfance remonte à la surface.”
Impossible de lâcher ce roman qui fait quand même 665 pages. Il faut dire que Valérie Perrin a construit son roman “Trois” autour d’un long suspens, un mystère dont nous n’aurons la clé qu’en toute fin de celui-ci. Une voiture s’enfonce dans le lac où Etienne s’est endormi en attendant sa petite copine de l’époque et celle-ci est remontée 30 ans après, avec un corps non identifié.
Qu’est ce que cela a à voir avec nos trois adolescents ? Je vous laisse le découvrir !
☆ Bilan de ma lecture
“Trois” de Valérie Perrin est un excellent roman sur l’adolescence, ses souffrances et ses espoirs et sur le douloureux passage à l’âge adulte.
J’ai été véritablement triste de quitter Nina, Etienne et Adrien car évidemment à la fin du roman leur vie continue sans que nous n’en soyons plus témoins. A nous de l’imaginer. Mais il serait dommage de ne pas faire leur rencontre, ils vous rappelleront des petits bouts de vous-mêmes et de votre propre adolescence.
A lire si vous aimez les livres sur l’adolescence, la quête d’identité, les années 80/90, la musique, l’amitié plus forte que tout, la slow life ♥♥♥♥
☆ A lire aussi – idées lecture
Vu tout ce que j’en ai lu, j’imagine qu’il faut lire TOUS les romans de Valérie Perrin, en tout cas, je l’ai tous dans ma PAL (reste à trouver le temps de les lire). A commencer par le prodigieux “Changer l’eau des fleurs” et “Les oubliés du dimanche” que m’a offert ma maman.
Lors de cette lecture, j’ai beaucoup pensé au roman de “Call me by your name” d’André Aciman mais aussi à ce roman que j’adore littéralement : “Nous rêvions juste de liberté” d’Henri Loevenbrück (MUST READ)
Plus récent, dans le même style, je vous conseille “Les évasions particulières” de Véronique Olmi sauf que là il s’agit de trois sœurs dans les mêmes années, le même départ à Paris rêvé et cette proximité qui s’étiole avec la confrontation avec la vie et l’âge adulte.
Vous aussi vous aimez les romans sur l’adolescence ?
4 Comments
ayok57
Décidément, tu as l’art et la manière de donner envie de lire des livres qui, pourtant, ne m’intéressaient pas de prime abord… Problème: je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose 😉 :’-)
Bises
Emma
Ahah toi seule a la réponse.
Si les livres que tu lis sur mes conseils te font du bien ou t’apportent quelque chose, c’est une bonne chose.
Sinon il faut que tu apprennes à repousser les « tentateurs » qui ne sont pas pour toi.
J’avoue qu’au départ, le titre et la couverture de celui-ci, ne m’attiraient pas du tout non plus 😉
Bisous ♥
corine
Commentaire très juste, à la veille de mes 60 ans j ai aimé ce livre, je l ma attendais à plus de suspense par rapport à la voiture du lac ( j adore les thrilleurs) . Ceci dit c’est une jolie histoire qui fait du bien.
Emma
Oui je suis d’accord pour la voiture du lac, j’ai trouvé également que ça tournait court mais c’est une belle histoire qui reste.
Plusieurs mois après, j’y pense encore, c’est la marque d’un roman réussi.
Merci d’avoir laissé un petit mot de votre passage 🙂