Polar -Roman policier,  Romans

Bleu Calypso-Charles Aubert

 

Un polar lumineux, addictif qui a pour cadre un sud sauvage et servit par des personnages forts, qui lui donne une couleur et une atmosphère difficilement oubliable.

Thème : polar, pêche, leurres, Sète, meurtres, étang des Moures

Bleu Calypso - Charles Aubert

Bleu Calypso – Charles Aubert

 

Résumé de l’éditeur

Niels Hogan, quarantenaire bourru, a rompu les amarres. Profitant d’un plan social, il s’est installé – comme l’auteur – dans une cabane au sud de Montpellier, où il fabrique des leurres pour la pêche au bar. La vie simple, la douceur du temps… L’ermite n’a qu’un ami, son voisin Vieux Bob, qui attend la visite de sa fille journaliste, Lizzie. A l’occasion d’une partie de pêche, Niels découvre un cadavre. D’abord suspecté, Niels décide de mener l’enquête avec Lizzie.

2 adjectifs qui résument le livre

Contemplatif : C’est assez bizarre d’accoler cet adjectif à ce genre littéraire, mais ce n’est pas le seul qui me vienne à l’esprit dans ce style et c’est pourtant ce que je ressens en refermant ce livre. Un doux sentiment de quiétude et de sérénité comme après une longue ballade dans la nature ou en mer.

Authentique :On se sent particulièrement proche des personnages qui ont une vraie part d’humanité de part leur manière de vivre, de penser. C’est même carrément inspirant !

Ce que j’en pense

Les polars ce n’est à priori pas forcément le genre littéraire que je privilégie, mais je trouve que c’est justement très intéressant de dépasser ses a priori, sa zone de confort littéraire et de s’aventurer ailleurs. Comme en toutes choses. Ce faisant, je découvre qu’au delà de l’intrigue que le polar est une excellente manière de se frotter à d’autres mondes, à d’autres réalités, tout comme le flic est obligé dans le cadre de son métier, de côtoyer toutes les strates de la société humaine, de la plus misérable aux plus privilégiées, le crime n’épargnant personne. Et c’est ainsi l’occasion d’apprendre beaucoup plus de choses que dans nombre de romans qu’on lit d’une traite et qu’on oublie tout aussi rapidement. Je l’avais déjà constaté avec les romans d’Olivier Norek (notamment avec “Entre deux mondes”), l’intrigue policière est souvent un prétexte pour parler d’autre chose avec profondeur.

Ici l’auteur nous parle de décroissance, de minimalisme, d’échapper à la folie du monde d’aujourd’hui, de lâcher prise et de vivre de peu, mais aussi de blessures, de fragilité et d’erreurs de choix, de tout ce qui fait que nous sommes des humains. Ces personnages ont tous cette rugosité qu’ont les hommes qui se protègent et qui tentent de revenir/privilégier l’essentiel : l’amitié, les bonnes bouffes, les passions et l’entraide. Et ils ont trouvé le cadre parfait pour s‘abstraire de ce qui ne leur convenait pas : des terres qui leur ressemblent, salées et sauvages, coincées entre les salines et la Méditerranée  . On pourrait se dire qu’il n’y a aucune raison pour que quelque chose se passe dans ces minuscules communes où subsistent encore l’esprit de clocher, et pourtant les cadavres s’amoncellent. Les hommes ne sont pas plus raisonnables ici qu’ailleurs.

 

Etang des Moures

Etang des Moures – source v-l-m.skyrock.com

 

Lire Bleu calypso c’est se frotter à un nouvel univers, découvrir combien pêcher peut s’apparenter à un art de vivre à l’égal de celui du rituel du thé ou du café ou de l’art de composer des Haïkus. J’ignorais qu’il existait autant de techniques de pêche et qu’on pouvait être pêcheur “no Kill” ou pratiquer le “catch and release fishing” (qui relâche son poisson). On en vient à s’émerveiller de la confection d’un leurre taillé amoureusement dans de nobles bois, tel ce bleu calypso, qui donne son nom au roman. C’est aussi se familiariser avec un tout nouveau vocabulaire, chaque métier, passion ou univers ayant le sien propre.

Savez-vous que lorsqu’on lit une histoire et que l’on est immergé dans celle-ci, le cerveau enregistre celle-ci comme réelle ? Il ne fait plus la différence entre ce qui relève de l’expérience effectivement vécue, de celle simplement lue. Ainsi chaque nouvelle lecture ajoute un peu plus de vie et d’expérience à la nôtre, c’est complètement incroyable ! C’est pourquoi il est si difficile de refermer un livre et de sortir d’une histoire et de prendre congé des personnages que l’on a véritablement aimé.

Et en terminant ce livre, j’ai ressenti ce petit pincement au cœur de devoir quitter l’histoire, ces lieux, ces personnalités si attachantes (même si Lizzie est plutôt de la famille des “attachiantes”) et de reprendre le cours de ma vie. Car ce polar n’est jamais angoissant mais au contraire ressourçant et quasi poétique.

C’est bizarre à écrire ,non, pour la chronique d’un polar ? 

Pourtant pendant les quelques jours où j’ai laissé traîner cette lecture en longueur, j’ai rêvé de cabanes au bord de l’eau, d’étendues lisses balayées et ridées par le vent, ce même vent que je connais bien et qui a soufflé sans discontinuer sur les tuiles de mon appartement sous les toits, comme pour l’accompagner.  Cette région, je (crois) bien la connaitre et pourtant j’ai moi aussi voyagé avec ce roman car Niels sait nous ouvrir les yeux et nous montrer ce que l’on ne voit plus. Il rappelle qu’il est toujours bon de revenir chez soi en touriste pour apprendre à regarder ce qui nous entoure. C’est intelligent, cultivé, avec une écriture très fine et sensible, passionnant alors qu’on y parle de pêche (qui eut cru que ça pourrait m’intéresser !) et de meurtres à la pelle.

J’ai aussi adoré la stratégie hilarante de l’opposum qui se sent en danger (qui n’est pas un poisson, hein ! Je dis cela pour ceux qui ne sont pas familier de la faune de notre planète Winking smile).

La pêche apprend la patience, qualité que sait mettre à profit Niels mais aussi l’auteur qui sait maîtriser son suspens, garder le rythme et mener son intrigue. J’ai complètement plongé !

Bilan : J’ai passé un excellent moment de détente (mais aussi de réflexion) avec ce beau polar, entre contemplation et temps suspendu. Offrez-en nous d’autres, Mr Charles Aubert ! Je suis fan ! ♥♥♥

 

Charles Aubert - Bleu Calypso


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BLEU CALYPSO – CHARLES AUBERT – Editions Slatkine&Compagnie

 

2 Comments

  • Didoo5652

    Merci Emma pour cette chronique qui me ferait aimer la pêche .
    Ce livre me tente depuis un moment vu que je suivais l auteur avant la sortie de son livre et tu n’as fais que renforcer mon envie de le découvrir.
    J aime les polars et je pense me plonger dans Bleu Calipso dès que j’en aurai l occasion.
    Bon week-end

    • Emma

      Hello Ingrid !
      Oh je suis ravie de te faire succomber car j’ai passé un excellent moment avec ce roman ! Je ne sais pas si tu vas véritablement te mettre à aimer la pêche mais ce qui est certain c’est que tu seras dépaysée et c’est quand même une des magies de la lecture que de permettre cela 🙂 Gros bisous ♥

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