La liberté au pied des oliviers – Rosa Ventrella
Grande découverte pour moi que Rosa Ventrella que je découvre grâce à ce roman “La liberté au pied des oliviers”.
Un roman qui prend place dans le sud de l’Italie des années 40 dans un petit village où la vie est rude , la guerre et la violence des hommes et des femmes jamais loin.
Thème : Italie, années 40, sud de l’Italie, famille, couple, rumeurs, choix, Rosa Ventrella, drame, révolte agraire, beauté.
Sommaire
☆ Résumé de l’éditeur
“Dans le sud de l’Italie, deux fillettes grandissent à la merci des sursauts de l’histoire et des injustices liées à leur condition. Teresa et Angelina sont deux sœurs que tout oppose : Teresa est délicate et silencieuse tandis qu’Angelina, sa soeur cadette, est impertinente et curieuse. Toutes deux grandissent dans l’Italie des années 1940, au coeur des Pouilles, entourées de leur père et de leur mère Caterina, à la beauté incomparable. Lorsque leur père part à la guerre, leur mère comprend que cette beauté sera sa principale arme pour subvenir à leurs besoins. Elle cède alors à un terrible compromis, sans savoir que celui-ci viendra réveiller la malalegna : ce bavardage incessant et empoisonné des commères, véritable malédiction qui tourmente le village depuis la nuit des temps. Le concert de chuchotements qui serpente de porte en porte se propagera alors jusqu’à atteindre ses filles, Teresa et Angelina, déterminant à jamais leur destin.” |
☆ Pourquoi lire “La liberté au pied des oliviers” de Rosa Ventrella
☆ Parce qu’il nous permet de découvrir cette Italie du sud, pauvre et profonde de ces années-là.
☆ Pour la plume envoûtante de Rosa Ventrella qui nous permet d’élargir notre horizon d’autrices italiennes talentueuses.
☆ Mon avis sur La liberté au pied des oliviers de Rosa Ventrella
Les Pouilles, les années 40, c’est la seconde guerre mondiale, le fascisme et le père Sozzu doit quitter sa famille pour combattre. Il laisse au village sa trop belle femme et ses deux filles, démunies. Catarina a la beauté du diable, celle que convoite les hommes et le baron, seigneur de l’endroit, n’y est pas insensible. Elle finit par céder pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, réveillant la malalegna, cette rumeur empoisonnée qui se murmure et se répand de maison en maison.
Toute ma vie, je me suis demandée ce qu’elle ressentait vraiment pour l’homme qui nous avait sauvées pendant la guerre. Je n’ai jamais eu le courage de le lui demander.
Ses deux filles que tout oppose, l’une est silencieuse et toute en retenue quand l’autre affiche insolemment sa beauté et sa fougue tout en rêvant de s’extraire de cette misère, tombent chacune amoureuse croyant pouvoir échapper à leur destin. Mais il n’en sera rien. La beauté se révèle davantage une malédiction qu’un avantage attirant la convoitise furieuse des hommes et les paroles empoisonnées des autres femmes.
« Papa voulait faire de nous de vraies paysannes, alors nous nous levions à trois heures du matin pour nous rendre avec maman et lui au lopin de terre. Il l’avait baptisé « Mezza Pete » parce que la terre rougeâtre était parsemée de masses calcaires saillantes. Nous arrachions le chiendent qui poussait sur les côtés, nous ramassions les olives pour les entasser sur la toile noire sur laquelle elles tombaient quand elles étaient mûres, nous nettoyions les fèves et les petits grains des vignes. Je savais bien que papa n’agissait pas ainsi par méchanceté ; au fond de son cœur il était convaincu que la vie devait être ainsi et que changer son destin avait un peu la même conséquence que tricher aux cartes : on restait inachevé. Un poulain qui ne devient jamais cheval, une graine qui ne devient jamais arbre, un corps sans racine. Or c’était lui qui nous avait engendrées, et maintenant il nous enfermait rageusement dans le cliché de notre famille, tableau qu’il s’acharnait à accrocher aux murs, trop lourd pour le clou qui griffait la chaux. »
La liberté au pied des oliviers nous conte l’Italie de ces années là, encore gérée par un système quasi féodal, contre lequel se révoltent les paysans pour gagner le lopin de terre nécessaire à une survie digne de ce nom.
Un roman où se mêle la fureur du vent, la beauté maudite, la noirceur des hommes, le soleil de plomb, les murmures obsédants, la plume envoûtante de Rosa Ventrella et les questions : Faut-il avouer aux absents ce que la vie nous a contraint de céder ? Peut-on échapper au destin implacable ?
Je vous laisse chercher les réponses dans le livre – Vous avez compris : j’ai beaucoup, beaucoup, aimé ❤️
En plus? c’est vraiment un livre très féminin, sur la douleur d’être femme, belle, désirable et pauvre dans une société entièrement dominée par les hommes et la réputation à tenir, sans guère d’autre option que subir ou tomber.
☆ Bilan de ma lecture
Je ne me suis pas autant “embrasée” d’enthousiasme que pour « l’amie prodigieuse » d’Elena Ferrante mais j’ai beaucoup aimé cette lecture. Emboîter le pas de ces 3 femmes si différentes et pour lesquelles la vie est si âpre, tragique, a été très émouvant. J’ai aimé le regard de Teresa, sa retenue, son introspection.
A lire avec passion♥♥♥
☆ A lire aussi – idées lecture
Comme je n’ai aucune envie de quitter l’univers de Rosa Ventrella, j’enchaine directement (ce que je fais rarement !) avec le titre précédent sorti en poche “Une famille comme il faut”
Bien évidemment, impossible de ne pas conseiller Elena Ferrante, “L’amie prodigieuse” et les titres suivants qui sont dans la même tonalité que ce livre. Je pense aussi à la tribologie de Catherine Bardon “Les déracinés”, qui n’a rien à voir avec l’Italie mais à laquelle je pense pour la manière dont on compose avec les événements pour réinventer sa liberté.
Dans un autre registre, plus feel good et contemporain, avec de jolies cartes postales de la côte amalfitaine et une histoire pleine d’humanité, il y a “Mamma Maria” de Serena Giuliano.