Marseillais- Patrick Coulomb et François Thomazeau
Portraits journalistiques de 22 personnalités marseillaises à travers le filtre original des figures du tarot marseillais qui permettent de mieux découvrir le vrai Marseille d’aujourd’hui.
Thème : Marseille, histoire, culture, ville, personnalités.
Sommaire
Résumé de l’éditeur
Lignes de vie d’un peuple.
Une collection nourrie d’enquêtes où un peuple exprime aujourd’hui sa mémoire, ses valeurs, son imaginaire, sa créativité.
Par vocation, Marseille est d’ici et d’ailleurs. C’est un lieu de passage, de rupture, fait de mouvements brusques et de communautés disparates.
Pour décrypter ce «peuple» insaisissable, les auteurs ont choisi une grille, celle du tarot marseillais avec ses 22 figures, incarnées ici par 22 personnalités emblématiques : « Le Pape » Diouf (ancien président de l’OM), « L’Empereur » Robert Vigouroux (ancien maire) ou encore « Le Soleil » Sophie Le Saint (présentatrice de JT)…
Leur récit rendra-t-il compte avec justesse des disparités et des similitudes entre tous ces gens qui font Marseille ? Bien sûr que non. Il aurait fallu pour cela interviewer chacun des 860 000 habitants qui la composent ! Ces pages sont une entrée en matière. Pour le reste, le plus simple est d’aller à Marseille, à leur rencontre.
2 adjectifs qui résument le livre
Pertinent : car cette “lecture” de Marseille échappe complètement aux clichés tout en abordant la réalité de Marseille, ville encore déchirée entre ombre et lumière mais dont les habitants sont soudés par un “destin” commun.
Enrichissant : Il est toujours dommage de découvrir une ville et de passer à côté de ce qui fait ce qu’elle est, de l’enfermer dans un cadre trop petit pour elle et c’est malheureusement ce qui se passe souvent pour Marseille et ses habitants. Cette lecture qui se défend justement d’être exhaustive, permet d’ouvrir l’horizon et d’en avoir une lecture autre que celle de la carte postale ou de la une des journaux.
Ce que j’en pense
Ayant vécu à Marseille plus de 10 ans, j’étais très curieuse de découvrir cet ouvrage qui rend parfaitement compte de la disparité de tous ceux qui composent ce qu’on appelle les Marseillais. Loin désormais de l’image Pagnolesque des touristes ou celle plus radicale ou incandescente des “cités ” des quartiers Nord vendue par les unes des journaux, Marseille se révèle beaucoup plus nuancée et contrastée qu’il n’y parait. Car il n’existe pas une seule manière d’être marseillais comme il existe plusieurs Marseille. Cette ville à la fois populaire et bourgeoise à l’apparente exubérance est en réalité beaucoup secrète qu’elle ne parait et ne se laisse pas facilement saisir par celui qui n’est que de passage.
C’est pourquoi j’ai beaucoup aimé ce livre.
Loin des clichés qui ont cours sur cette ville qui est toute de même la deuxième agglomération de France mais continue d’effrayer ou d’enchanter selon le fantasme que l’on nourrit à son endroit, ce livre permet à travers la grille de lecture du célèbre Tarot Marseillais d’en appréhender toute sa complexité, son évolution, sa violence et sa douceur de vivre. De cerner un peu mieux cette fameuse culture qui cimente la mosaïque de communautés pourtant hétéroclites qui la composent, l’une des rares villes a avoir fait de son cosmopolitisme une richesse malgré les problèmes que celui-ci peut également poser.
Marseille a une âme que je n’ai retrouvé nulle part ailleurs, ici rien n’est lisse, “Marseille est un théâtre vivant”(Caroline Sury). C’est peut-être une ville pauvre, populaire, sale, survoltée et violente mais c’est aussi avant tout une ville de passion et c’est tout ce qui fait la richesse et le magnétisme de cette mégapole qui a pourtant su garder une dimension humaine. C’est sans conteste pour moi l’un des plus beau et attachant endroit où j’ai vécu et où certainement celui où je reviendrai vivre un jour
Marcel Pagnol “ A Marseille, je suis toujours enfant, à Paris je suis vieux …”
Ville-port influente par le passé qui a perdu son aura en méditerranée mais renait petit à petit économiquement, ville-monde qui ne peut s’en tenir aux origines de ceux qui la composent pour se définir, ville de l’avenir, où les start up et la Culture ont trouvé un port pour s’épanouir (capitale européenne de la culture en 2013), Marseille ne cesse de se réinventer tout en restant elle-même.
Les 22 figures du tarot marseillais sont alors incarnés dans ce livre par 22 personnalités qui racontent, à travers de courtes interviews, leur “Marseille”, son histoire, leur histoire avec la ville, son évolution, leur regard sur ce qu’elle est et ce qu’elle devient. C’est absolument passionnant ! Que l’on soit de Marseille ou seulement de passage, il faut ouvrir ce livre même s’il n’est pas exhaustif, pour mieux appréhender la réalité de celle-ci. C’est aussi un excellent complément à un guide de voyage si l’on doit venir faire un séjour à Marseille. Et puis à noter le découpage en courts portraits, qui représentent chacun une figure du tarot marseillais, rend la lecture très facile.
J’ai particulièrement aimé le parcours incroyable de l’avocat Victor Gioia, le regard non politiquement correct de Rudy Riciotti (architecte du MuCEM) qui incarne le “Diable”, ou encore celui très pertinent de Patrick Daher (les entreprises Daher) , figure de “La roue de la fortune” et ceux de deux femmes : la “Papesse” Caroline Sury (illustratrice) et Sophie le Saint (journaliste à France 2) qui raconte très bien ce qu’est l’exil (provisoire) hors de cette ville
Mais je vous laisse découvrir tout ceci … ♥♥♥
Je vous laisse avec cet extrait d’un credo marseillais cité en conclusion qui résume à lui seul ce que c’est que d’être marseillais :
Je suis marseillais, ma ville m’appartient. Elle n’appartient à personne.
Elle était grecque, elle était romaine – Latine, wisigothe, catalane, angevine. Elle est française. Elle est marseillaise.
Elle est unique parce qu’elle est multiple. Elle est indépendante parce qu’elle est le monde. Elle est seule parce que ceux qui la font, ne font qu’y passer.
Elle est ma ville, elle est ta ville. Elle se donne mais elle se préserve. De tout. Des autres qu’elle accueille et de ceux qui croient qu’elle leur appartient. Elle est à moi, elle n’est à personne. Peut-être suis-je lié à un de ses quartiers, à une de ses cités, ou peut-être suis-je simplement un Marseillais. Un citoyen du monde. Un Européen. Un Français. Un Provençal. Un Marseillais.
Un mot sur les auteurs :
Né à Marseille en 1958, journaliste et chroniqueur (cinéma, musiques populaires…) Patrick Coulomb est l’auteur d’une dizaine de romans et recueils dont “On l’appelle Marseille”
François Thomazeau est né en 1961 à Lille. Journaliste notamment de sport, il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages dont le truculent “La faute à Dégun”
MARSEILLAIS – Patrick Coulomb et François Thomazeau – Editions Ateliers Henry Dougier