San Perdido – David Zukerman
Autre lecture de la sélection du prix Relay Voyageurs Lecteurs, ce roman coloré et envoûtant a enchanté les quelques heures passées en sa compagnie. Une vraie lecture vacances ou pour oublier le ciel gris qui persiste.
Thème : Panama, pauvreté, corruption, violence, prostitution, Amérique centrale, Amérique du sud, fresque sociale, cimarrons, justice, légende.
Sommaire
Résumé de l’éditeur
Qu’est-ce qu’un héros, sinon un homme qui réalise un jour les rêves secrets de tout un peuple ? Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panama aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n’a pour seul talent apparent qu’une force singulière dans les mains. Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d’une population jusque-là oubliée de Dieu. |
☆ Pourquoi lire “San Perdido” de D. Zukerman ?
Parce que c’est complètement dépaysant et innovant. Une sorte de conte cruel, chatoyant et sensuel sur fond de justice sociale qui est inoubliable.
☆ Mon avis
Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman aussi chatoyant avec une galerie de personnages aussi savoureux et exotiques. Je n’ai pu m’empêcher de penser avec nostalgie aux lectures de Gabriel Garcia Marquez ou de Luis Sepúlveda qui enchantèrent mon année passée en Espagne.
Du sage docteur réservé droit dans ses bottes au gouverneur Toro, insatiable sexuellement, consommateur fiévreux de chair fraîche, sorte d’ogre contemporain, à la sensuelle et fière Yumna auquel les hommes ne peuvent résister mais qui ne supportera pas d’être détrônée par envoûtante prostituée Hissa, que semble lui préférer son puissant amant (et auquel elle infligera une éclatante vengeance), à San Perdido, ville imaginaire du Panama, le feu couve toujours sous le soleil de plomb…
1946- 1956, le Panama se partage entre l’opulence d’une caste, la corruption, des politiciens entretenant un “royaume” où l’injustice est monnaie courante et les plus pauvres pour lesquels la survie passe par la prostitution ou la récupération de ce qu’ils peuvent trouver dans d’énormes décharges à ciel ouvert. Félicia tient l’une d’entre elle quand elle voit débarquer ce drôle de petit gamin noir, étrangement silencieux, aux yeux étonnement bleu, aux mains disproportionnées et la force hors norme, qu’elle va laisser s’installer près d’elle. S’établira entre eux une relation silencieuse d’entraide et de veille mutuelle, le temps que la Langosta, comme elle l’a surnommé, grandisse et parte travailler sur les docks et chantiers. Devenu Yerdo, mais toujours aussi silencieux et discret, il prend parti pour les sans-grades, ceux qui luttent pour survivre. Lui qui avait déjà, tout jeune, éradiqué Benito, une racaille locale cruelle, continue silencieusement son combat.
On découvre l’histoire du Panama, de ses esclaves noirs qui se révoltèrent contre les espagnols et fuirent dans la jungle pour échapper à leur triste condition (les Cimarrons). La légende circule qu’un de leurs descendants pourrait faire justice permettant aux gens de San Perdido de relever la tête et de ne plus être anéanti par cette vie sans espoir.
Un magnifique premier roman fluide, lumineux et coloré, oscillant entre ombre et lumière, sensibilité et cruauté, envoûtant et magique comme le sont souvent les histoires sud américaines où l’auteur se transforme souvent en un fabuleux conteur. Sans oublier la dimension sociale de la fable qui rétablit une forme de justice, Yerdo devenant une sorte de héros, une légende éblouissante synonyme d’espoir pour tout un peuple.
Il cultivait une telle empathie avec les humains qu’il pouvait lire en eux. Il lui suffisait de poser la main sur le front de quelqu’un pour pénétrer le monde de ses souvenirs et voir en lui aussi clairement que s’il assistait à une projection. Rafat savait qu’un être doué de tels talents pouvait devenir redoutable à bien des égards. Utilisées à mauvais escient, ses compétences pouvaient en faire le pire des prédateurs. C’est pourquoi en juin 1946, il résolut d’envoyer Yerbo vivre sur la décharge de Lágrima – lieu où germait une extrême pauvreté –, afin de mettre à l’épreuve sa volonté, sa rigueur et son sens moral. Pour un enfant de dix ans que la jungle avait protégé depuis sa naissance, la découverte du monde que certains osaient encore appeler civilisé était une des meilleures écoles de la vie.
☆ Bilan
Livre à lire pour tous ceux qui adhèrent complètement aux histoires troublantes et lointaines, qui aiment le dépaysement, les atmosphères colorées, sensuelles, magiques et cruelles ♥♥♥
Vous aimez ce genre de lecture dépaysante ?
2 Comments
Lolipop
Je suis heureuse d être passée de bon matin ! Ce livre a l air exceptionnel et je sens que il va beaucoup me plaire
Tu aurais pu en parler des heures, j étais à Panama avec les personnages .
Merci pour cette découverte !!
Belle journée
Emma
Ouiii ! Les personnages sont hauts en couleur ! Si on aime ce genre de littérature, on plonge immédiatement ! Une très jolie surprise de ce prix.
Très belle journée à toi et merci de ton passage matinal 🙂 ♥♥♥