Moi, vieille et jolie – Sylviane Degunst
“Moi, vieille et jolie” de Sylviane Degunst est la lecture réjouissante que j’ai fait ces dernières semaines. J’ai envie de la conseiller à toutes les femmes ! A toutes celles qui doutent, qui se désespèrent de vieillir, qui subissent les injonctions et les fables qu’on nous assènent pour nous effrayer. J’ai eu la chance (car s’en est une !) d’avoir dans ma famille des modèles de femmes “âgées” incroyables dès l’adolescence qui m’ont permis de déconstruire toutes les idées fausses sur la femme vieillissante dont on est sans cesse bombardé (j’en parle en fin de post). Ce livre peut être votre chance à vous de changer votre regard sur l’âge
Thème : mannequinat, silver lady, vieillesse, vieillir, femme, Londres, seconde carrière, casser les codes, Sylviane Degunst.
Sommaire
☆ Résumé de l’éditeur
“Je vais être diorisée ! Oui, habillée de Dior. Chignon, make-up, talons. Je tiendrai en laisse un caniche royal et me promènerai au rayon beauté, l’air pimbêche à mort. Mon rêve d’enfant se concrétise : rester enfermée dans un grand magasin. Deux nuits de répétition. Les models , cinq ladies d’âge mûr – comme on dit au rayon fruits et légumes – dont moi, ont passé des heures sur un escalator en marche. Un show somptueux se prépare. Moi qui n’ai jamais fait de spectacle de ma vie, sauf Cendrillon à l’école primaire, j’exulte. Londres, Upper Street. Sylviane, fraîchement débarquée de France, cinquante-cinq ans, cheveux blancs et silhouette de jeune fille, est repérée lors d’un casting sauvage. Sa vie prend un virage à angle droit. Castings, shootings et défilés se suivent et ne se ressemblent pas. Désormais model, elle découvre la fashion sphère et ses paillettes. Les excentricités de la capitale britannique, sa population bigarrée et sa liberté face aux conventions l’enchantent : elle s’y sent comme chez elle. Mais, pendant ce temps, en Sologne, son père se meurt et sa mère s’épuise. La vraie vieillesse tisse sa toile… Dans Moi, vieille et jolie, Sylviane Degunst dévoile, avec humour, les coulisses du mannequinat, et livre une vision décalée du temps qui passe, sur fond de culture british.” |
☆ Pourquoi “Moi, vieille et jolie” de Sylviane Degunst est un livre à lire
☆ Parce que lire le témoignage d’une femme de 50 ans qui devient mannequin, ça réconforte. On peut se dire que peut-être un jour les choses vont vraiment changer.
☆ Pour le regard que Sylviane Degunst porte sur la vieillesse et parce que l’air de rien, elle nous invite à changer le notre.
☆ Mon avis sur “Moi, vieille et jolie”de Sylviane Degunst
Que j’aime ces livres qui cassent les moules !
Je ne sais plus à quelle occasion j’avais été surprise d’apprendre qu’on peut tout à fait commencer une carrière de sportif passé 50 ans. Et oui, il y a une remise à zéro des compteurs car les sportifs changent de catégorie après un certain âge (je ne sais plus si c’est 50 ou 60 ans).
A partir de cet âge canonique, on peut se lancer dans des compétitions sportives et devenir un champion dans sa catégorie car on se mesure à des personnes du même âge (ou plus âgées) et qui n’ont pas forcément fait une carrière sportive dans la première partie de leur vie. Avec de l’entraînement, tout redevient alors possible et certains rêves qui semblaient perdus, redeviennent réalisables.
A priori c’est la même chose chez les mannequins. A partir du moment où il n’y a plus à entrer en compétition avec l’extrême jeunesse et beauté des top models, on peut devenir mannequin senior parce qu’on a physiquement quelque chose de particulier à apporter, qui ne relève pas forcément du domaine de la perfection physique.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais finalement je trouve cela épatant de savoir qu’au lieu de croire que tout s’arrête après un certain âge, au contraire, tout recommence.
C’est ce témoignage que nous livre avec humour et enthousiasme, Sylviane Degunst. Cependant elle ne cache pas son agacement devant l’attitude des agences françaises et de nos magazines qui restent particulièrement frileux envers les silvers ladies et ne leur propose guère de travail. Chez nous, on aime les mots mais beaucoup moins les actes alors que les anglais n’hésitent pas à casser les codes, les clichés sur la vieillesse et à s’extasier devant la beauté de Sylviane.
Dans les pages du Guardian Weekend, une rubrique intitulée “All Ages” accueille, sur une double page, des mannequins de vingt ans posant avec des quadras, des quinquas et même des septuagénaires. On ne pourrait pas imaginer ça en France. De temps en temps, on voit un “spécial grosses”, “un “spécial rousses”, un “spécial Noirs”. Mais surtout pas de mélanges ! D’ailleurs, cette double “All Ages” invite aussi des messieurs.
Au passage, comptez sur elle pour démystifier le côté “glam et paillettes” du mannequinat. C’est un vrai job qui requière patience, persévérance et d’être tout-terrain. Il faut aussi savoir mettre son ego dans sa poche tout en sachant se faire respecter, c’est tout un art.
Cette question de vieillesse qui approche, interroge d’ailleurs beaucoup Sylviane, qui confrontée à la question de son âge qui avance et qu’elle assume complètement, voit dans le même temps son père s’éteindre et sa mère s’épuiser à en prendre soin. Elle-même sensibilisée à l’isolement de la vieillesse, rend régulièrement visite à une vieille anglaise qui perd la vue et note combien on se prive de la richesse de ces personnes en les ostracisant.
☆ Bilan de ma lecture
Une lecture savoureuse, gaie, énergisante pour regarder les années qui passent non seulement avec sérénité mais aussi pour en voir les opportunités.
J’ai beaucoup aimé les moments passés en la compagnie énergique de Sylviane Degunst, sa forte personnalité, sa confiance en elle-même qui lui a permis d’assumer ses cheveux gris dès l’âge de 17 ans et qui en a fait un atout, comme elle le fait aujourd’hui avec son âge et sa vitalité. J’ai aimé qu’elle souligne l’importance de la transmission, du partage, d’une société plus inclusive où chacun avec ses différences, a quelque chose à apporter.
L’âge ne veut rien dire, ce n’est qu’un chiffre, c’est ce qu’on en fait qui décide que l’on est vieux ou pas.
J’ai d’ailleurs regretté que le titre de ce livre soit “Moi vieille…” car Sylviane n’a au final qu’une cinquantaine d’années, le middle age (le mot anglais est beaucoup plus parlant, évoquant simplement le milieu de vie).
Ma grand-mère a vécu jusqu’à ses 102 ans, ce qui voudrait dire qu’elle aurait évolué de bébé, enfant, ado, jeune femme puis femme, les 50 premières années de sa vie, puis qu’elle serait restée une “vieille femme” les 52 années suivantes, comme condamnée à une sorte de momification. C’est tellement peu représentatif de tout ce qu’elle a pu vivre, et a été, pendant toutes ces années-là…
J’en parlerai un de ces jours, sur mon compte Instagram, mais depuis l’adolescence j’ai deux modèles, deux “tantes” incroyables. L’une approche des 80 ans et est une belle silver lady énergique qui n’hésitait pas à s’adonner au jet-ski il y a encore quelques années et file le parfait amour avec son nouveau petit ami. La seconde est morte à plus de 90 ans pendant une croisière au Chili avec son dernier petit copain (70 ans). Les femmes plus âgées que moi m’ont toujours fasciné. J’ai toujours (eu) l’impression qu’elles ont trouvé un secret qu’on aura peut-être un jour la chance de découvrir nous aussi (le plus tôt possible, ce serait bien ! ahah)
Grâce à ces modèles je sais que tout ce qu’on raconte sur la vieillesse et notamment les femmes qui vieillissent, sont des fables destinées à les enjoindre, une fois de plus, de s’effacer.
J’ai envie de dire : merci pour ce livre ! ♥♥♥
☆ A lire aussi – idées lecture
Là je sèche … Il faut dire que des livres sur ce genre de sujet, on n’en lit pas souvent mais cela va certainement changer.
Ah si, il y en a un ! Et en plus, je veux absolument le lire : “La voyageuse de nuit” de Laure Adler qui s’interroge sur ce que recouvrent réellement les mots de vieux/vieille et pourquoi la vieille fait davantage peur que le vieux …
Autre témoignage, toujours dans la mode et d’un autre style mais tout aussi vitalisant, celui de Valérie Tribes « La base » qui souffrant d’un cancer décide de ne pas renoncer à sa féminité et à sa joie de vivre pendant la chimio et a écrit un guide de conseils pour trouver son style.
Par ailleurs, côté masculin, je peux vous conseiller le livre de Romain Gary “Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable”. C’est bien sûr le regard d’un homme (et quel homme !♥) sur ce sujet difficile du vieillissement masculin (et bien tabou du déclin physique et de la perte de la virilité).
Ou encore dans le même registre, l’ouvrage de Franz-Olivier Giesbert “ Un très grand amour” dans lequel son personnage, homme à femmes, se confie sur son désespoir de voir sa virilité le quitter à la suite d’un cancer de la prostate, révélant la fragilité de la sexualité masculine.
Ces lectures révèlent à contrario, combien nous n’avons pas conscience de la puissance de notre sexualité qui au contraire s’épanouit avec l’âge (et cela sans viagra …).
J’aimerais tant que les femmes arrivent à comprendre l’étendue de nos ressources et combien justement les hommes ont essayé de nous convaincre du contraire, effrayés par notre puissance qui ne s’amenuise pas et l’angoisse de ne pouvoir la contrôler.
Que pensez-vous de l’histoire de cette femme ? Trouvez-vous celle-ci inspirante ?
2 Comments
Usva K.
J’ai peu lu ce genre de romans ou d’essais mais c’est très certainement nécessaire car j’ai le sentiment que l’âge est plus que jamais un tabou, surtout l’âge des femmes !
Emma
Ce n’est pas un essai, mais plutôt un témoignage (joyeux) sur sa seconde vie et les difficultés qu’elle ne dissimule pas. C’est le problème des injonctions contradictoires, on dit aux femmes d’être actives, de rester belles (mais sans rides, poids…) malgré l’âge et sans chirurgie et dans le même temps on continue de considérer que passé un certain age, elles ne sont plus vraiment plus montrables, séduisantes, désirables ou alors trop refaites … et on les rend invisibles. Finalement quoi qu’elles fassent ça ne va jamais et l’âge devient effectivement encore plus effrayant et tabou.