
Cent ans de Laurelfield – Rebecca Makkai
Ce roman en 3 mots : secrets de famille/ déroutant/ ironique
Le nom de Rebecca Makkai ne m’évoquait rien, mais j’avoue que j’ai craqué sur ce titre à cause de la très belle couverture des éditions Les Escales.
Après tout, c’est un critère comme un autre, non ?
Au final, “Cent ans de Laurelfield” est une belle découverte, j’ai hâte de découvrir son autre titre qui attend son heure dans une de mes piles à lire.
Sommaire
☆ Résumé
Quels secrets cache la grande demeure familiale des Devorh dans le Midwest ?
Evidemment il semble qu’elle soit hantée par l’âme de Violet qui s’y serait suicidée et dont le portrait trône au cœur de la maison, mais est-ce le véritable secret enfoui dans cette maison ?
Zee et Doug qui traversent une phase professionnelle un peu délicate, sont néanmoins revenus y vivre.
Grace, la mère de Zee, décide de leur attribuer la remise aménagée en deux appartements pour domestiques dans lesquels Doug pourrait terminer d’écrire son livre afin d’obtenir un poste d’universitaire.
Mais ils apprennent qu’ils vont devoir cohabiter avec un autre couple : le fils et de la belle-fille de Bruce, l’homme qui partage la vie de Grace.
Zee se met rapidement à croire que cette promiscuité est dangereuse pour son couple, Doug et Miriam restant seuls à la maison et ayant de nombreuses occasions de se rapprocher.
Aussi avant qu’il ne soit trop tard, elle décide de prendre en main la situation professionnelle de son conjoint.
Mais à Laurelfield rien ne se passe jamais comme prévu car cette ancienne résidence d’artistes est aussi le théâtre de disparitions et de vies sacrifiées.
Au fil des pages, le roman nous fait remonter le temps : des années 1990 jusqu’en 1900.
Chaque époque apporte son lot de révélations qui viennent bouleverser la compréhension du présent.
☆ Pourquoi lire ce livre
- Pour la structure narrative sophistiquée et atypique du roman
En effet, plutôt qu’une narration chronologique, Rebecca Makkai a choisit de nous faire remonter le temps. Le livre se lit à rebours révélant progressivement les dessous de l’intrigue. Le récit est découpé en 4 périodes qui correspondent chacune à un pan de l’histoire des habitants successifs de cette demeure, ce qui permet petit à petit d’avoir des réponses aux questions que posent l’histoire de cette famille et de cette maison.
- Pour les personnages bien campés
Rebecca Makkai a su créer des personnages irrésistibles, coincés dans leurs paradoxes, leurs secrets et leurs lubies et servis par des dialogues plein d’humour, ce qui rend la première partie du roman addictive.
- Pour les références culturelles
La particularité de la maison de Laurelfield, c’est d’avoir hébergé une colonie d’artistes. Or Doug écrit sur un poète disparu et Miriam est une artiste qui transforme en tableau tout ce qui lui tombe sous la main. Alors évidemment des artistes sont évoqués, et ce fut l’occasion pour moi d’en découvrir certains, de réaliser que “Vanity Fair” n’est pas seulement un magazine mais aussi une œuvre classique de la littérature américaine (honte à moi !) ou encore de découvrir la bizarre et sombre destinée que connurent les acteurs du film “Barbe-Bleue”.
Il ne faut pas nécessairement que ce soit plausible. Il faut juste que ce soit possible. Ce que je veux dire, c’est que nous pensons qu’il est difficile d’en réchapper quand on a commis un crime car nous ne connaissons que les histoires où les gens se font coincer. Donc nous pensons que tout le monde se fait coincer. Or, nous ignorons le nombre d’affaires qui ne sont jamais révélées au grand jour.
☆ Mon avis en quelques lignes
C’est une histoire originale, acrobatique puisqu’il faut jongler avec les différentes époques et les questions laissées en suspens.
Mais c’est aussi un roman drôle et émouvant sur les secrets de famille, les paradoxes humains, l’art et l’amour.
C’est un roman à énigmes qui nécessite de revenir en arrière (voire de faire une seconde lecture) pour saisir ce qui s’est réellement passé à Laurelfield.
Rebecca Makkai a semé des petits détails tout au long du récit, comme les petits cailloux blancs du Petit Poucet. A nous de réfléchir.
Si la première et seconde partie sont très fluides, j’ai néanmoins senti mon enthousiasme s’émousser en abordant la troisième partie.
A mon goût, il y avait trop de personnages (vous savez que j’ai du mal avec cela) : se souvenir de qui est qui ajoute à la complexité de suivre un récit qui, est déjà alambiqué.
J’ai commencé à ressentir de l’ennui, à souhaiter que l’histoire s’achève pour enfin avoir le fin mot de celle-ci.
Mais au final, j’ai aimé “Cent ans de Laurelfield” que j’ai lu en deux jours et qui n’a pas fini de me questionner !
Rebecca Makkai parvient à jouer avec le temps comme d’autres jouent avec les mots.
On finit par se dire que chaque époque est une illusion, et que la maison, elle seule, sait vraiment tout.
Je pense vraiment que tout le génie de l’autrice est de nous “forcer” à cogiter et à relire ce livre car je pense qu’il y a bien plus de clés à découvrir que ce qu’elle a bien voulu nous révéler.
A lire pour tout ceux et celles qui aiment lire sur les secrets familiaux et les énigmes.
(photo Brett Simison)
☆ Quelques mots sur l’autrice
Rebecca Makkai est une romancière américaine née en 1978.
Elle a d’abord été professeure de littérature avant de se consacrer à l’écriture.
Avec “Cent ans de Laurelfield”, elle livre un roman ambitieux, structuré comme un jeu de pistes temporel.
Son œuvre suivante, “Les optimistes” a été finaliste du Prix Pulitzer.
Rebecca Makkai est aujourd’hui l’une des figures majeures de la fiction littéraire nord-américaine.
☆ A lire aussi
La structure de ce roman m’a évidemment fait penser à un autre titre qui m’avait particulière enthousiasmé :
“Nous les menteurs” de E. Lockhart, que je vous recommande chaudement si vous ne l’avez pas déjà lu.
☆☆☆
Connaissiez-vous cette autrice américaine ?
Loading…
Loading…
