Roman autobiographique,  Romans

Ciao Bella – Serena Giuliano

Lire ou pas “Ciao Bella” de Serena Giuliano, telle était la question.

Une mum blogueuse qui écrit un roman qui parle de la douleur de vivre avec son enfance abîmée et perdue, de ses incontrôlables angoisses qui lui gâchent la vie, partagée entre l’irréconciliable paradoxe de la nostalgie et l’envie de refouler, entre un nouveau pays qu’elle aime et un autre qui lui coule dans les veines et qu’avec tout ceci, elle arrive à nous donner le sourire, ça valait quand même le coup de le tenter ! Si en plus, elle réussit à convaincre que faire une thérapie, c’est faire le choix de la vie , je dis : “Banco, je l’ouvre !”.

En fait, j’ai trouvé bien plus que cela entre ces pages !

 

Thème : Enfance, Italie, thérapie, psychothérapie, aller mieux, douleur, angoisses, grossesse, maternité, histoire de famille, écriture, blog, humour.

 

Serena Giuliano - Ciao Bella

 

Résumé de l’éditeur

 

« J’ai peur du chiffre quatre. C’est une superstition très répandue en Asie. Le rêve ! Enfin des gens qui me comprennent ! Je devrais peut-être déménager…
– Vous avez beaucoup d’autres phobies ?
– Vous avez combien d’années devant vous ? »Anna a peur – de la foule, du bruit, de rouler sur l’autoroute, ou encore des pommes de terre qui ont germé… Et elle est enceinte de son deuxième enfant. Pour affronter cette nouvelle grossesse, elle décide d’aller voir une psy.
Au fil des séances, Anna livre avec beaucoup d’humour des morceaux de vie. L’occasion aussi, pour elle, de replonger dans le pays de son enfance, l’Italie, auquel elle a été arrachée petite ainsi qu’à sa nonna chérie. C’est toute son histoire familiale qui se réécrit alors sous nos yeux…
À quel point l’enfance détermine-t-elle une vie d’adulte ? Peut-on pardonner l’impardonnable ? Comment dépasser ses peurs pour avancer vers un avenir meilleur ?
Attention, la lecture de Ciao Bella pourrait avoir des conséquences irréversibles : parler avec les mains, écouter avec le cœur, rire de tout (et surtout de soi), ou devenir accro aux pasta al dente.

 

2 adjectifs qui résument le livre

 

Attachant :  Par la personnalité authentique de Serena qui ne cherche pas à en imposer mais se livre telle qu’elle est à travers ce roman, drôle, fantasque, blessée et imparfaite. On finit fatalement par avoir envie de la serrer dans ses bras

 

Résilient : Car Serena est une guerrière, quoi qu’il lui arrive elle serre les dents et elle avance. Elle les serre tellement qu’elle ne parle pas beaucoup, elle préfère écrire. Depuis, elle a beaucoup progressé Smile

 

Ce que j’en pense

 

L’enfance, ce refuge qui n’en fut pas un mais qui est en même temps regretté à cause de la déchirure ressentie d’avoir dû quitter son pays, l’Italie, sa langue, ses odeurs, sa cuisine, la maison qui donne sur la mer, sa nonna.

Cette Nonna qui est la seule à laquelle elle peut se raccrocher parce qu’à la maison, il y a les coups, sa mère qui encaisse, la peur de la voir mourir et celle de devoir faire comme si rien d’anormal ne se passait. Etre toujours entre deux, pas vraiment à sa place : entre deux pays, entre deux parents, entre hier et aujourd’hui, entre être mère et la difficulté éprouvée de l’être.

Il y a l’amour de l’autre qui aide à survivre mais pas à vivre pleinement. Qui est-elle Serena ?Qu’attend-elle de la vie à part survivre à cette enfance italienne qui pourrait la ravager ? Elle ne le sait pas ! Elle a mal, le mal du pays, la peur de tout alors elle décide de faire une thérapie. Il faut dire qu’elle attend un enfant et là aussi elle a peur que ça se passe mal. Elle aussi à du mal à respirer. Comme si elle avait arrêté pendant cette enfance malmenée. Alors elle fait des crises d’angoisses qu’elle ne sait plus comment endiguer. Mettre des mots sur ses maux, puis les écrire et se trouver devient une nécessité.

 

Déjà petite, je connaissais le poids des mots. Verbaliser a toujours été pour moi, très difficile. Nommer les choses, c’est les faire exister. Et j’ai toujours cru que si on les ignorait plutôt, elles finiraient par disparaître.

 

J’aime écrire car cela ne fait pas de bruit. L’écriture permet de crier en silence, de pleurer sans larmes, de communiquer sans paroles.

 

Un énorme succès pour Serena Giuliano que ce premier roman !

Alors qu’en penser ?

Buzz des réseaux sociaux, bouche à oreille efficace, arrivée tonitruante d’un nouveau talent littéraire, nouveau feel_good à la mode, énième roman d’une blogueuse à succès ?

J’étais très intriguée alors je l’ai lu et j’ai été touchée.

Non ce n’est pas un feel-good car l’histoire d’une vraie vie ne peut pas être assimilée à ce genre littéraire. C’est une autofiction, un roman personnel qui gagne les cœurs parce qu’écrit avec le cœur. Seulement Serena Giuliano au lieu d’écrire un drame, elle s’est écrite comme elle est. Avec cet humour et cette résilience qui la caractérise et qui la protège de tout ce que la vie a mis de sombre dès le départ dans son berceau et qui l’habite intérieurement. Et c’est bouleversant tout en étant très drôle.

En réalité, il faudrait dire merci à Serena pour ce livre qui aborde des thèmes aussi difficiles que tout ceux qu’elle égrène, l’air de rien, au fil de son roman et d’avoir su en parler avec cette légèreté touchante, sans nous plomber le moral, avec cette volonté de ne pas s’ériger en victime mais au contraire d’être solaire malgré l’adversité.

De montrer qu’on a le droit d’aller mal, qu’on a le droit de faire une thérapie pour aller mieux, que ce n’est pas honteux, c’est même normal de se soigner quand on a mal ! Et que cela change la vie, libère !

Je n’ai jamais fait de longues thérapies mais il m’est arrivé de voir un psy à plusieurs reprises et je trouve cela normal, j’en parle facilement. J’ai fait une sorte de burn-out à un moment de ma vie professionnelle et ça s’est résolu très rapidement parce que je suis immédiatement allée en parler à un professionnel qui a su m’écouter avec bienveillance et m’a évité de m’enfermer dans un rôle de victime et m’a permis de rebondir très vite sans me sentir accablée. Même chose quand j’ai commencé à faire des crises d’angoisse. Je compare souvent les maux psychologiques aux maux de dents, car c’est un peu le même principe : plus on va consulter rapidement, plus vite on s’en débarrasse ! A contrario, plus on laisse traîner, plus ça fait mal et plus on va passer du temps à réparer les dégâts. L’idée reçue étant qu’on pourra  se soigner tout seul, que seuls les faibles vont chez le psy, blabla … Bref ! Comme d’habitude, ceux qui n’osent pas, dictent leur lois aux autres et les culpabilisent ! Tu as donc le choix entre continuer d’aller mal et de faire avec (comme eux, les forts), ou de te soigner et qu’on te colle une étiquette de déglingo sur le dos. Ahaha, quitte à choisir, mon choix est tout fait !

 

OUI, on a le droit d’être heureux malgré tout ce que la vie nous livre de moche en cadeau et c’est ce beau message que livre ce roman très personnel.

(En tout cas j’ai admiré la bienveillance de la psy du roman, une comme on en rêve tous !)

 

Pourquoi les gens et le monde en général ont ce problème de toujours vouloir viser de nouveaux objectifs, de toujours vouloir se dépasser ?

Et si je n’ai pas envie de me dépasser, moi ? Et si ce que j’ai aujourd’hui me satisfait ? Si je me sens bien comme ça ? Pourquoi faudrait-il encore puiser des ressources pour faire mieux, pour faire plus ?

Je n’ai pas envie d’écrire un roman. Ils ne se rendent pas compte, eux, combien ça ferait mal. Ils ne savent pas, eux, qu’écrire, que poser des mots, ça pèse lourd. Qu’écrire, c’est graver, c’est faire exister, c’est ne plus jamais pouvoir ignorer.

Finalement ce roman il est là, parce qu’écrire ces maux là avec des mots, cela permet aussi de se libérer, c’est même certainement, la seule vraie manière de le faire…

 

Bilan : un livre léger, attachant et profond à la fois. Un livre qui fait du bien, qui aborde aussi le thème de la violence masculine, du racisme, de l’envie d’exister malgré tout, du rire salvateur, de l’enfance perdue, des racines, de la rage de s’approprier une langue qui n’est pas la sienne, des mots nécessaires pour guérir et de l’amour inconditionnel pour le soleil et pour les pâtes ! Winking smile ♥♥♥

 

Ciao Bella - Serena Giuliano

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2 Comments

  • Lolipop-Didoo@live.com

    Il est sur ma liste !!!
    Nous avons trop de points communs pour que je l ignore et voir si on en davantage .
    Merci pour cette chronique Emma qui nous montre vraiment là où l auteure voulait amener ses lecteurs

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