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Lectures

Mes dernières lectures #1

Hello !

Pendant le confinement j’ai dévoré des tas de livres, renouant avec le plaisir de lire et d’enchainer les lectures sans me sentir entraver par l’idée de devoir faire des pauses chroniques par ici.

Cela a beaucoup questionné mon rapport à la lecture.

 

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Si je ne regrette absolument pas d’être devenue blogueuse littéraire, j’ai par contre redéfini la manière dont j’ai envie de fonctionner en ne m’obligeant plus à faire une chronique spécifique pour chaque livre lu.

Déjà car je lis plutôt vite à force de pratiquer, trop vite pour pouvoir suivre avec l’écriture (mon temps étant limité), mais comme j’ai quand même envie de partager avec vous celles-ci (et pas seulement mes gros coups de cœur ou mes lectures de développement personnel), il fallait que je trouve une solution intermédiaire.

Ce nouveau type d’article me permet donc de vous les signaler et de vous les présenter brièvement. Vous pourrez parcourir ces articles et y piocher peut-être des envies lectures ou confirmer celles que vous aviez déjà en tête.

J’aime aussi l’idée que ces listes étant éclectiques, elles peuvent aussi nous permettre de nous aventurer dans des territoires littéraires inconnus et allumer une étincelle d’intérêt inattendu.

 

Nos rendez-vous – Éliette Abécassis

 

 

Nos rendez-vous

S’offrir Nos Rendez-vous d’Eliette Abecassis

 

La nostalgie de nos premières amours, ça vous parle ? 

Avec ce titre d’Eliette Abecassis, on est en plein dedans !

Vincent et Amélie sont étudiants et ils s’aiment. Ils se donnent RDV un soir à 17h, seulement ils vont se manquer, chacun persuadés que l’autre lui a fait fait bond. La vie va alors enchainer sans leur laisser le temps se revoir …

Chacun vit sa vie, se marie avec plus ou moins de bonnes raisons et il leur faudra dix ans pour se retrouver une première fois. Il y aura d’autres RDV mais il semble que ce ne soit plus jamais le bon moment.

“La moitié des erreurs qu’on fait dans la vie est à cause de la précipitation, l’autre moitié à cause du défaut d’action.”

Ces deux personnages sont très passifs et il va leur falloir attendre 30 ans  pour tisser une relation faite de ce qu’ils savent déjà au fond d’eux-mêmes mais qu’ils sont incapables de formuler par manque de courage.

Le paradoxe c’est qu’ils auront des RDV avec d’autres personnes qu’ils feront entrer dans leur vie et qui se révéleront de mauvais choix alors même qu’ils n’osent jamais faire le bon. C’est le paradoxe dans lequel nous entraîne nos choix ou leur absence.

Éliette Abecassis met le doigt sur ce qui fait mal. Cette vie que l’on croit maîtriser et qui se révèle souvent une prison, l’obstacle principal à ce que l’on voudrait vraiment faire.

Chacun a pris un chemin, conditionné par son éducation, ses croyances sans réaliser qu’il sera ensuite très difficile d’en prendre un autre.

Ainsi Vincent réalise qu’il est passé à côté de son grand amour mais aussi de ses rêves, de ses aspirations de devenir un musicien. Ce livre parle du temps nécessaire au désir et de celui qu’il faut pour se rencontrer et rencontrer l’autre et cela d’autant plus lorsqu’on refuse de s’écouter.

Et oui, ce livre parle aussi à sa manière de l’intuition et de la manière dont ces deux personnages lui tourne sans cesse le dos par manque de courage, parce qu’il serait trop compliqué ou effrayant de s’écouter et d’accepter de tout bouleverser.

 

J’ai toujours aimé la plume sensible d’Eliette Abécassis, cette façon minutieuse et élégante de disséquer les passions, les relations amoureuses et de les confronter au réel.

Je n’oublierai jamais “Et te voilà permise à tout hommequi m’a énormément marqué et que je vous conseillen même si je ne l’ai jamais chroniqué par ici.

Vous l’avez compris ce dernier titre m’a beaucoup touché et je trouve qu’il pose les bonnes questions Winking smile

Le désir, cette petite voix qui nous suggère de tout chambouler et la bataille qu’il va falloir livrer à la vie, c’est justement ce qu’on trouve dans ma lecture suivante ! Smile

On ne meurt pas d’amour – Géraldine Dalban-Moreynas

 

On ne meurt pas d'amour - Géraldine Dalban- Moreynas

S’offrir On ne meurt pas d’amour de Géraldine Dalban-Moreynas

 

Déjà rien que le titre, le ton est donné, non ?

Je ne sais pas si celui-ci a été emprunté à la chanson de Clara Luciani mais je me suis dit que forcément j’avais envie d’en savoir davantage. D’autant que les histoires d’amour désespérées, je ne sais pas pour vous, mais j’adore ! Elles me consolent toujours de mes propres crashs amoureux, ahah.

Des mois que je voulais le lire mais mon budget livres avait explosé ces derniers mois et je repoussais sans cesse son acquisition. Et oui ! les blogueuses littéraires aussi ne peuvent pas tout s’offrir ! A un moment, il nous faut aussi savoir nous montrer raisonnables ! Winking smile

Heureusement ma douce Cécile du Passage des mots m’a prêté son exemplaire presse que j’ai lu compulsivement et d’une seule traite. A vrai dire l’histoire est tellement bouleversante …

Allez ! Je vous raconte !

Elle vient d’emménager dans le loft de ses rêves avec ce qui ressemble beaucoup à l’homme idéal (il l’a demandé en mariage à NY !!! On imagine plus romantique comme lieu ?! Moi non !!!). Et puis, elle croise le nouveau voisin de l’étage au dessus sous le porche de l’immeuble et c’est le coup de foudre mutuel.

“La porte du porche s’ouvre. Elle voit sa silhouette se dessiner à contre-jour. Il s’avance. Elle le regarde. Il ne la lâche pas des yeux. Elle a l’impression que tout son être à l’intérieur d’elle-même est en train de s’effondrer. Il avance. Ne dit toujours rien. Elle se force à parler. Elle lui dit qu’elle cherchait à le joindre. Elle tient Le Monde dans ses mains. Il ne dit toujours rien. Sort un stylo de sa poche. Note son numéro de portable dans un coin du journal. Elle a les mains qui tremblent. Elle n’arrive pas à tenir le journal. Lui non plus. Ils sont là, tous les deux au milieu de cette allée, avec les flics, les ouvriers, les gens, ils sont là, ils se regardent, ils sont tellement près l’un de l’autre qu’elle pourrait entendre son cœur battre. Ses yeux plongent dans les siens, le temps s’est arrêté ; des voisins arrivent, le temps reprend.”

 

18 mois à s’aimer de manière complètement déraisonnable mais sans qu’ils parviennent à décider si cette histoire, ils peuvent la vivre au quotidien. Il lui promet de quitter sa femme mais demande des délais. Elle devrait préparer son mariage, il craint que son américaine de femme s’envole, avec sa fille, s’il la quitte.

Comme dans le livre précédent, les amoureux sont rattrapés par la vie. Le timing n’est pas bon, c’est trop tard ou trop tôt, leur vie est un obstacle, ils sont trop engagés. Alors ils s’aiment en secret, c’est irrésistible, se repoussent, se manquent, se retrouvent inexorablement et finissent par se déchirer. Que décider ? Quel choix leur faut-il faire ?

 

“Deux semaines pendant lesquelles il lui dit chaque jour qu’il est en train de quitter sa femme. Il ne la quitte pas. Deux semaines pendant lesquelles, pour la première fois de leur histoire, il lui ment, il lui fait croire à un avenir auquel il ne croit pas lui-même. Au fond de lui, il sait déjà qu’il ne partira pas. Il a eu un moment de faiblesse, il n’a plus le courage de l’assumer, et il ne sait plus comment faire marche arrière. Il ne sait plus comment lui dire qu’il va une fois encore la quitter, encore une fois la faire pleurer, encore une fois la faire souffrir.”

 

Le coté bobo, loft blanc/vie déconnectée des contingences matérielles des gens “normaux” m’a un peu gênée. Disons que le fait que cela soit autant marqué dans le roman avait un côté un peu “nous-vivons-la-vie-parfaite-que vous-n’avez-pas-mais-nous-savons-quand-même-vivre-dangereusement” qui m’a perturbé car il n’y a rien qui n’effraye davantage ce type de personnages que la perte de ce qu’ils ont construit. D’ailleurs la fin est assez représentative de cette illusion à laquelle ils ont essayé de croire.

Mais cela reste le récit d’une histoire d’amour où la question du courage ou de son absence n’est pas éludée, un roman sur la lâcheté, sur les renoncements que l’on préfère concéder, sur les coups bas de la jalousie et sur la résilience.

C’est fort, efficace et terriblement poignant. J’ai tourné les dernières pages collée à ma boite à mouchoirs.

J’étais prête pour ma lecture suivante car pour achever la semaine en beauté, j’ai enchaîné avec le très, très émouvant…

 

 

Les recettes de la vie – Jacky Durand

 

Jacky Durand - Les recettes de la vie

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Henri est un chef de cuisine bistronomique. Ses fourneaux il vit quasiment à leurs côtés, avec Lucien qu’il a ramené de la guerre d’Algérie. Sentimentalement c’est moins brillant, la mère de son fils Julien est partie et la dernière femme qui partageait sa vie s’est également “évaporée”. Julien lui, il rêve de suivre les traces de son père. A force de grandir dans cette cuisine dans les pattes de ces deux hommes, il veut lui aussi en faire son métier. Seulement voilà, son père a d’autres rêves pour lui.

Ce livre est une histoire de transmission, de passion, mais aussi de douleurs de l’enfance qu’il faut surmonter : l’abandon d’une mère, l’incompréhension d’un père obligé de cuisiner car il n’a pas pu étudier et d’un fils qui ne veut pas des études car il sait avoir une vocation.

 

“Je suis incapable de lui répondre. Pourtant, je voudrais lui hurler que c’est toute ton histoire, la cuisine, que je préfère mille fois les gestes que tu m’apprends aux rogatons de savoir qu’elle nous jette en classe. Je voudrais expliquer que, dans chacun de tes gestes, il y a une épopée. Leur dire comment le manche et la lame de ton couteau ont pris la forme de ton savoir-faire.”

 

 

Mais c’est surtout une belle histoire d’amour entre un père et son fils et pas seulement !

Il y a aussi l’amitié fraternelle des deux hommes, Lulu et Henri, égratignés par la vie, qui trouvent dans la cuisine une manière d’adoucir leur vie, de survivre et de s’épauler. Manger ensemble ou faire à manger pour les autres a toujours été un acte d’amour.

Il y a aussi Hélène, la femme aimée, mais là je risquerais de vous en dire trop.

En veillant son père en train de mourir sur son lit d’hôpital, Julien se souvient.

Une histoire d’hommes rugueux et généreux que l’on côtoient dans les effluves d’une cuisine qui sent la terre, la simplicité et l’authenticité dont on ressort ému aux larmes. La beauté d’une relation père/fils où la pudeur omniprésente, ne leur permet de se dire l’affection qu’ils se portent, qu’à travers la confection de plats. “La cuisine c’est de la générosité” avait coutume de dire Henri. En refermant ce livre, j’ai eu ce pincement caractéristique qui survient lorsqu’il faut sortir d’une histoire que l’on n’a aucune envie d’abandonner.

 

Comme il me restait un peu de temps et que les éditions Serge Safran m’ont envoyé le dernier livre de Ludovic Roubaudi, je me suis dit que j’allais terminer ma semaine avec celui-ci.

 

Nostra Requiem – Ludovic Roubaudi

 

Nostra requiem - Ludovic Roubaudi

S’offrir Nostra Requiem de Ludovic Roubaudi

 

Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose si vous n’avez pas lu “Camille et Merveille” mais cela reste un auteur assez incroyable à découvrir.

Je n’avais pas fait la chronique de ce titre sur le blog mais si cela vous intéresse vous pouvez la trouver sur mon compte Instagram. J’avais beaucoup aimé cette histoire à la fois tendre profonde et satyrique. Ludovic Roubaudi a un style bien à lui dans ce roman, qui n’est pas sans me rappeler celui d’Amelie Poulain.

Son dernier titre est très différent, même s’il s’agit là encore d’une fable. par contre, celle-ci prend pied dans l’Histoire et ses effroyables guerres.

Franchement la couverture ne m’emballait pas plus que ça et je n’ai pas su voir le rapport avec cette histoire mais je ne suis certainement pas assez érudite pour le faire.

Par contre, j’ai plongé en 3 secondes dans le roman.

Cela m’a rappelé Dickens ou certains des contes des Frères Grimm, cette part de sombre, de misère noire et d’enfance qui habitent leurs récits.

La cruauté et la duplicité des hommes est ici plus réaliste, parfois bien trop “palpable”et crue et donc insupportable mais le regard d’Anton, son amitié avec Spinoz ou Esperanza, nous permet de traverser les terribles épreuves que cette vie et sa destinée lui impose.

Anton croit en la fraternité, même si les événements pourraient le pousser à ne plus le faire, même si son propre frère s’est transformé en un monstre.

Enfant il a échappé à la famine parce qu’il a été confié à un homme qui va le nourrit et lui apprendre à réaliser ce noir d’ivoire qui recouvre les pianos. Cependant, il ne pourra éviter l’horreur et à la logique meurtrière des guerres où il se trouve enrôlé de force. Ces guerres absurdes où l’on finit par ne même plus savoir pour quelles raisons on se bat et on tue.

Mais le vieil homme qui a été sauvagement tué par une foule soucieuse de punir aveuglément l’assassinat de ces deux enfants, avait eu le temps de transmettre à Anton l’essentiel.

“L’humanité perçoit le monde de travers, mon petit. Ne l’oublie jamais.”

Nous ne pouvons rien contre les événements mais nous avons toujours celui du choix de notre vision du monde, même quand la folie des hommes s’est emparé de celui-ci.

Ceci n’est que mon avis mais le monde d’aujourd’hui est tout aussi fou, roublard et cruel que l’étaient ces périodes de l’histoire. Il a juste appris à prendre un autre visage. Les conquêtes, les guerres sont ailleurs, la communication et notre confort sont ses armes, on ne cesse d’être enrôlé, de “signer” pour ce dont on ne voudrait pas si seulement l’information qu’on nous délivrait était la bonne. Nous sommes nous aussi face au labyrinthe du fou Gül (conte raconté par Anton aux soldats autour du feu). Nous ne pouvons pas comprendre ce qui se passe ou trame si nous l’analysons avec notre système de valeurs, nos intérêts, notre vision de ce que doit être le monde et si nous nous en tenons aux apparences.

Je sais qu’on pense tous ne pas être dupe mais la réalité c’est qu’on l’est et qu’on signe pour un tas de choses mauvaises pour nous parce qu’on n’imagine pas qu’on pourrait dans certains domaines ne pas vouloir notre bien car nous même nous serions incapable de porter atteinte aux intérêts des autres et que l’on se pense protégés par des instances chargées d’y veiller.

Les actions parlent bien plus que les discours d’un homme. Il suffisait de comprendre ce que la langue de ses actions racontait pour l’arrêter. Moi, le secrétaire du vizir, l’ataman et tous les habitants de la région ne pouvions pas comprendre Gül, parce qu’il était fou. Seul un fou le pouvait. Il a lu les actions de Gül et terminé sa grande phrase de la mort.”

Ne jamais se fier aux mots, toujours regarder les actes, eux seuls ne mentent pas.

Notre civilisation a tendance à privilégier les messages, à nous faire oublier cette règle essentielle, comme l’a très justement énoncé quelqu’un (mais je ne me souviens plus qui …pardon !): “Dans nos sociétés il semble que de “ne pas être pris” en train de mentir est devenu plus important que de faire ce que l’on dit.”

Tant qu’on n’est pas pris, on peut faire croire que l’on fait ou que l’on est.

Cela rejoint le “Notre métier c’est le doute” clairement énoncé dans une note interne et confidentielle du lobby du tabac et repris par bien d’autres depuis …

Ahaha bon je me suis encore égarée mais ce livre m’a beaucoup parlé, fin, intelligent, il évoque la noirceur et la folie des hommes tout en maintenant allumée, la petite veilleuse de l’espoir.

Et puis, quel talent de conteur ! ♥

 

 

J’espère que ce nouveau RDV ou format (je ne sais pas comment on doit appeler un tel article) vous plait !

 

Emma Perié Blog lifestyle et littéraire

 

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