Stephanie Callet - témoignage livre
Lectures,  Témoignage

Le jour où j’ai choisi ma famille -Stéphanie Callet

Je vous ai présenté succinctement “Le jour où j’ai choisi ma famille” de Stéphanie Callet dans un Reel sur mon Instagram, mais j’avais envie de vous proposer ici une chronique plus longue car c’est un témoignage qui m’a particulièrement émue, bouleversée et qui mérite d’en dire un peu plus.

 

Thème : Enfance, placement, famille d’accueil, famille de cœur, droit des parents, juge, famille dysfonctionnelle, droits de l’enfant, témoignage, combat, Stéphanie Callet.

Stephanie Callet - le jour où j’ai choisi ma famille

Résumé de l’éditeur

 

“Les liens du cœur plus forts que les liens du sang.
Retirée à ses parents alors qu’elle a à peine 3 mois, Stéphanie est placée en pouponnière, puis en famille d’accueil. Cette famille lui offre l’amour et la sécurité dont elle a besoin pour grandir. Lorsqu’elle a 10 ans, sa mère, avec qui elle a peu de lien, demande à récupérer sa fille comme elle en a le droit.
Étant très attachée à sa famille d’accueil et n’imaginant pas la quitter, Stéphanie écrit au juge. Avec ses mots d’enfant, elle explique ce qu’elle ressent, sa peur de vivre avec sa mère. Le juge poursuit ainsi le placement en famille d’accueil pendant cinq ans. Mais à ses quinze ans, la sentence tombe : Stéphanie doit aller vivre chez sa mère. Ce couperet est très mal vécu par l’adolescente qui refuse cette issue.
Au lecteur de découvrir la suite de ce combat bouleversant…
Avec beaucoup d’émotion, Stéphanie Callet nous livre son témoignage poignant d’enfant placée, traversant toutes les difficultés pour rester avec sa famille de cœur.”

 

Pourquoi  “Le jour où j’ai choisi ma famille”est à lire ?

 

Pour découvrir l’histoire atypique de Stéphanie et son combat

Pour comprendre la logique de la protection de l’enfance

 

Mon avis sur “Le jour où j’ai choisi ma famille”

 

Je ne lis pas souvent des témoignages alors j’y suis allée un peu à reculons. Mais bon, vous le savez, j’aime sortir de ma zone de confort littéraire dont j’interroge sans cesse les contours.

L’histoire de Stéphanie Callet m’a beaucoup touchée parce qu’elle remet en question “la norme” qui est cristallisée dans une loi. La norme, en l’occurrence dans son cas, c’est qu’un enfant doit grandir avec ses parents, dès lors que tout danger imminent pour lui est écarté.

La parole de l’enfant et même de l’adolescent, ce qu’il ressent, n’a pas véritablement de poids face à l’analyse que font les adultes de la situation. En effet cette évaluation relève uniquement de l’appréciation des adultes et est aussi conditionnée, par le coût qu’un placement représente pour l’Etat.

Or le cas de Stéphanie Callet est atypique car non seulement elle n’a aucune envie de retourner chez sa mère mais en plus, elle va le dire et s’y opposer. A partir de là, elle va rencontrer un mur et cette opposition va même déclencher contre elle, les foudres de son éducateur.

Incroyable petit bout de femme qui va se battre pour avoir le droit de choisir sa famille, qui veut simplement avoir le droit de rester avec sa famille de cœur où elle s’épanouit, plutôt que d’accéder au droit revendiqué de sa mère dépressive de la récupérer.

Retirée à sa famille dysfonctionnelle alors qu’elle n’était encore qu’un bébé de 3 mois, Stéphanie Callet n’a aucune connexion avec cette mère qui la reçoit sans chaleur, dort tard ou reste devant la télé lorsqu’elle est chez elle et ne s’intéresse pas particulièrement à sa fille qui doit se débrouiller toute seule.

Pour Stéphanie, ces visites sont une source d’angoisse et de tristesse, qui ne cesse de perturber sa vie et sa scolarité mais personne ne veut l’écouter. Au contraire, le juge augmente la fréquence des rencontres pour créer du lien, qui ne se tisse pas.

Heureusement Stéphanie a trouvé une vraie mère de cœur en Véronique et des frères et sœurs dans cette famille d’accueil, qui la soutiennent.

J’ai souvent été révoltée pendant cette lecture, par l’absence d’empathie et de main tendue, de la part d’une administration sensée protéger les enfants.

Elle explique très bien comment cette administration est gouvernée par l’idéologie du lien. La place de l’enfant est dans sa famille biologique quand le danger est écarté, le placement n’est que temporaire, donc tout leur travail consiste à maintenir et renforcer le lien avec la famille biologique pour lever la mesure de placement. La souffrance de Stéphanie est complètement secondaire.

 

J’ai l’impression que les éducateurs fantasmaient complètement la relation parent-enfant. Les adultes de la protection de l’enfance se projetaient dans mon histoire d’une manière surprenante, que je ne comprenais pas, c’est ce que Maurice Berger appelle l' »idéologie du lien » : « Dans l’idéologie du lien, l’intervenant s’identifie massivement à la souffrance des parents séparés de leur enfant au détriment de l’identification à la souffrance et à la terreur ressenties par l’enfant en leur présence. »

 

Finalement l’enfant a le droit d’être protégé mais pas d’être entendu. Ce qu’il estime préférable pour lui est plus que subsidiaire: être aimé, pouvoir s’épanouir… n’entre pas en ligne de compte, du moment que les parents sont jugés aptes à exercer leur droit à récupérer leur enfant.

Donc peu importe que l’enfant soit mal, angoissé, que la mère soit dépressive et se sente peu investie ou concernée par l’éducation de son enfant, du moment que l’enfant n’est pas en danger physique ou mental grave, les parents ont une sorte de droit de propriété sur l’enfant, qu’ils peuvent revendiquer, sans que celui-ci puisse s’y opposer si le juge estime qu’ils sont en droit de le faire et apte à exercer leur rôle, même à minima.

De toute manière, la justice a toujours eu du mal avec la parole de l’enfant, soit elle la sacralise trop (on se rappelle la terrible affaire d’Outreau ) ou alors elle ne lui laisse suffisamment d’espace pour s’exprimer.

 

Le jour où j’ai choisi ma famille - Stephanie Callet

 

Stéphanie Callet au terme d’un long combat (que je ne vous dévoile pas pour vous laisser le découvrir), va parvenir à choisir sa famille.

Ce témoignage fait chaud au cœur, d’autant quand on voit que des adultes se sont mobilisés pour l’aider et prouve qu’il ne faut jamais baisser les bras quand on croit en ce que l’on défend. La meilleure preuve est ce livre et peut-être que son histoire fera bouger les choses.

En plus, cela va dans le sens de ce que je pense, que notre vraie famille peut s’élargir ou peut se composer de personnes avec lesquelles on n’a aucun lien de sang. En tout cas, c’est ainsi que je vois la vie.

 

Bilan de ma lecture

 

“Le jour où j’ai choisi ma famille” de Stéphanie Callet est une lecture très émouvante, que je suis contente d’avoir faite.

J’ignorais tout du fonctionnement de l’aide sociale à l’enfance et à fortiori, j’aurais ignoré qu’un enfant pouvait souhaiter rester dans sa famille d’accueil (qui est toujours présentée comme une sorte de moins mauvaise solution) et la lecture du livre de Stéphanie Callet a été très éclairante.

J’ai trouvé que cette institution manquait cruellement d’empathie et d’écoute, alors que cela devrait faire intrinsèquement partie de ses “qualités”.

Je vous laisse vous faire votre avis.

A lire pour son humanité, pour le combat courageux de Stéphanie ♥♥♥

 

A lire aussi – idées lecture

 

Alors quand j’ai dit plus haut que je ne lisais pas habituellement des témoignages, c’est vrai à aujourd’hui, mais lorsque j’étais étudiante en droit, curieusement j’en lisais beaucoup car j’étais très préoccupée par le sort des enfants maltraités (ce qui explique aussi peut-être pourquoi ce récit m’a tant ému).

Je peux donc vous conseiller quelques titres que j’ai lu et qui m’ont particulièrement marqué.

“L’enfant dans le placard” ou “L’enfant derrière la porte” qui m’ont laissé un souvenir indélébile

Plus gai, “Autobiographie d’une courgette” de Gilles Paris, est un roman dans lequel un petit garçon après avoir tué sa maman, se retrouve en famille d’accueil. Ce drame devient paradoxalement, pour ce petit garçon, l’occasion de commencer à vivre. J’avais adoré et je trouve que cela se rapproche beahttps://amzn.to/3ar0NWAucoup de l’histoire de Stéphanie.

Un titre dans le même genre que j’aimerais avoir le courage de lire un jour, c’est “Je suis né à 17 ans” de Fabrice Beccaro. J’ai eu l’occasion de voir une interview de lui, à propos de ce livre et son témoignage m’a mis au bord des larmes, j’attends donc de tomber dessus car ce sera le bon moment pour le lire.

Dans les classiques, je pense à François Mauriac avec “Le sagouin” ou à  “Vipère au poing” d’Hervé Bazin.

 

Ce type d’ouvrage vous plait ? Vous aimez les témoignages ?

 

 

 

Le jour où j'ai choisi ma famille - Stéphanie Callet

 

 

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