Livre thriller de Bernard Minier "Une putain d'histoire" posé ouvert sur une table
Lectures,  Polar -Roman policier

Une putain d’histoire – Bernard Minier : inquiétant comme la société contemporaine

Ce titre en 3 mots :  Psychologique/ Thriller/ Surveillance de masse

 

Je ne connaissais pas vraiment Bernard Minier, mais quand j’ai vu cet épais roman, “Une putain d’histoire,” me tendre les bras, je me suis dit que c’était l’occasion de combler cette lacune.

Ces dernières semaines, je traverse une période plutôt houleuse et compliquée, j’avais vraiment envie de lire quelque chose d’inhabituel pour m’évader de mes tracas personnels. Et rien n’est plus efficace qu’une lecture-soupape de sécurité pour relativiser ses propres ennuis et garder l’esprit clair.

J’ai donc emprunté ce livre à ma sœur, une nuit où je dormais chez elle et où le sommeil avait décidé de me fausser compagnie.

Je suis plutôt bien tombée car il s’agit justement d’une histoire bien alambiquée, qui peut nous garder captive/captif de longues heures ((593 pages) et Bernard Minier n’a pas lésiné sur les tempêtes – au propre comme au figuré – qui s’abattent sur la tête de ce pauvre Henry, le personnage principal de ce thriller.

Résultat : on finit par se dire, que« nos histoires, à côté, c’est trois fois rien ». 

 

Résumé de “Une putain d’histoire” de Bernard Minier

 

Glass Island, quelque part dans le Pacifique Nord. Un décor brumeux, isolé, presque coupé du monde. Henry Dean, dix-sept ans, y mène une vie simple et sans histoires… jusqu’au jour où Naomi, sa petite amie, est retrouvée morte sur la plage, emprisonnée dans un filet de pêche.
Dès lors, tout s’effondre : la vérité se dérobe, la communauté se fissure, les secrets affluent. Et Henry commence à comprendre que son passé – et sa filiation – ne sont peut-être pas ce qu’il croyait.
Entre la mer furieuse, les orques majestueuses, les forêts écorchées par le vent et un monde post 11 septembre, Bernard Minier construit un thriller sombre, glaçant, où la réalité n’est jamais là où on l’attend.

 

Livre de Bernard Minier "une putain d'histoire" posé sur une table, ouvert avec un marque page

 

Pourquoi lire ce livre

Parce qu’il s’agit d’un thriller français à l’américaine

Bernard Minier signe un roman qui possède la puissance narrative, le souffle et la densité d’un grand thriller américain.

Pour l’immersion sensorielle réussie

La brume, la mer bouillonnante et agitée, les orques, les arbres nommés par leur nom… le décor est vivant, presque palpable.

Pour le message glaçant sur la surveillance de masse

En toile de fond du polar, omniprésente, Bernard Minier développe une réflexion vertigineuse sur le monde post-Snowden.

 

Mon avis en quelques lignes

 

Même si le titre ne l’annonce pas, « Une putain d’histoire » est un roman qui possède une âme américaine, tout en conservant la noirceur nerveuse de Bernard Minier. Et c’est l’une des grandes réussites du livre : on a l’impression de lire un thriller littéraire américain – mais écrit en français. Une prouesse.

Ce qui m’a profondément plu, c’est la manière dont Bernard Minier traite la nature.
Il ne se contente pas de planter un décor : il respire cette île, il la donne à voir, à sentir, à entendre. Les orques, la mer dans ses multiples états, le grain de la brume, les arbres qu’il sait nommer par leur nom,
Tout cela crée une atmosphère d’une puissance visuelle rare – presque cinématographique – et aussi très sensorielle.

C’est aussi un thriller qui pourrait sembler verser dans la science-fiction, mais c’est justement ce qui fait froid dans le dos : nous vivons déjà dans cette réalité, cette dystopie cyberpunk que la politologue Asma Mhalla décrit si bien dans son essai.

Ainsi le roman prend une autre dimension avec la dénonciation de cette société de surveillance. De ces agences financées après le 11 septembre, les technologies démentielles déployées, la surveillance de masse… On est en plein dans ce qu’Edward Snowden a révélé et qui lui vaut son exil forcé en Russie pour pouvoir rester libre.

La quête du père d’Henry en devient presque dérangeante tant elle montre comment, aujourd’hui, la technologie peut devenir un piège. Et la fin – que je ne dévoilerai pas – montre avec une brutalité sèche, ce que pourrait être une vie sous surveillance permanente : un rêve en trompe-l’œil.
C’est une claque et une réflexion puissante sur notre époque.

Ce roman m’a aussi interrogée sur le rôle des histoires : elles ne sont pas seulement là pour divertir, mais pour éclairer, mettre en garde, réveiller. Et de mon côté, le questionnement est intense.

Le twist final ?  Déstabilisant et totalement inattendu.
Ce “dessin dans le dessin”qu’on ne voit pas, ce détail sous nos yeux qui ne se révèle pas… une vraie signature minérienne, mais poussée au sommet.

Presque 600 pages, « dévorées » en trois soirées qui m’ont fait réaliser une fois de plus, à quel point les polars ont cette capacité d’extraction du réel et provoquent une fascination presque hypnotique.

En bref, un roman qui dépasse son genre, glaçant, nerveux, sensoriel et profondément intelligent.

 

« Tu la crois ? » dit Platt dans son dos. Krueger consulta sa montre. Il était presque 2h30 du matin. “Quoi ? Quand elle dit qu’elle n’a pas de secrets ? Bien sûr que non ! Tout le monde en a au moins un ».

 

À qui conseiller ce livre ?

Aux lecteurs qui aiment les thrillers psychologiques avec un twist qui démolit toutes les certitudes.
Aux lecteurs qui s’intéressent à la surveillance de masse, au monde post-Snowden.
Et à ceux qui aiment les thrillers littéraires américains, mais veulent découvrir une réussite française dans cette veine.

 

A lire aussi – idées lecture

 

  • Mémoire viveEdward Snowden : le récit essentiel pour comprendre l’envers de la surveillance mondiale.
  • Ce qu’il reste de nos rêvesFlore Vasseur : l’enquête bouleversante sur l’affaire “Aaron Swartz” et les lanceurs d’alerte, dénonçant la main mise de l’administration américaine sur le web et nos vies privées.
  • Dans les brumes de Capelans – Olivier Norek : un polar intense où l’on retrouve le capitaine Coste sur une île, battue par les vents, dans le brouillard et une atmosphère profondément sensorielle.

 

☆☆☆

 

couverture une putain d'histoire de Bernard Minier

Bouton pour acheter ce livre

Lisez-vous des polars ou thrillers pour vous évader ? 

 


.

FAQ

Ce roman fait-il peur ?
Il n’est pas horrifique, mais son atmosphère est sombre, tendue et profondément anxiogène.

Le livre est-il violent ?
Quelques scènes dures, mais le cœur du roman repose sur la tension psychologique et la paranoïa.

La thématique de la surveillance est-elle réaliste ?
Oui : le roman s’inspire directement des révélations sur la surveillance mondiale post-11 septembre.

Peut-on le lire sans connaître Minier ?
Oui, c’est un roman totalement indépendant.

Le twist final est-il vraiment surprenant ?
Absolument. C’est même l’un des dénouements les plus audacieux de Minier.

Laisser un commentaire