Blogueuse littéraire

Blog littéraire – Comment lire plus green pour préserver la planète

A l’heure de la rentrée littéraire, je me pose de plus en plus de questions …

Je sais que pour beaucoup de ceux qui sont ou souhaitent devenir blogueurs littéraires, recevoir des montagnes de livres gratuitement de la part des maisons d’édition, c’est  le Saint Graal. Que la défense du livre papier, des librairies, c’est une partie de notre combat. Cela reste pour moi essentiel. Mais cela ne m’empêche pas d’ouvrir les yeux et de me dire que si nous ne changeons pas très rapidement nos pratiques, si le secteur ne se réinvente pas et ne s’adapte pas plus vite aux changements et défis inévitables auquel il est déjà confronté, on va droit dans le mur.

 

influenceur littéraire - lire plus green

 

Je serais en effet curieuse de connaitre les chiffres de l’impact environnemental de cette production massive de livres…

Pour avoir une idée :

1,3 kilogramme de CO2 par livre
La maison d’édition Hachette a fait réaliser par le cabinet Carbone 4 un bilan carbone de son activité : il était de 210.000 tonnes équivalent CO2 en 2008. 71% sont liés à la fabrication (papier, impression, transport), 17% à la distribution, 10% à la conception du livre, 2% à sa diffusion. 163 millions de livres ayant été vendus par le groupe en 2008, chaque livre a donc  »émis » 1,3 kilogramme de CO2 en moyenne. Plus de la moitié des émissions sont imputables au papier.
Pour autant, cela n’enlève rien à la responsabilité de l’édition dans l’impact environnemental du livre.  »Le monde de l’édition n’a pas été le plus actif dans la réduction de son impact environnemental, observe Benoît Moreau, responsable environnement-sécurité de l’Union nationale de l’imprimerie et de la communication (Unic). C’est d’autant plus dommage que les grands éditeurs ont une influence considérable sur l’impression de leurs livres : la majorité d’entre eux choisissent et achètent leur papier, qu’ils font livrer aux imprimeurs ».

 

 

Blogueuse littéraire - Lire plus green

 

 

Je me pose donc pas mal de questions quant à mes pratiques de blogueuse littéraire. Forcément je lis beaucoup et je suis donc ce qu’on appelle une grande lectrice. Une fois que l’on a dit cela et que l’on s’est réjoui de faire monter les statistiques du nombre de livres lus et achetés chaque année, on essaye de réfléchir un peu plus loin.

Oui car les livres, ce sont du papier (et donc des arbres) et de l’encre, beaucoup d’encre, du transport, ce sont des titres que l’on a aimé ou moins et que l’on va stocker dans sa bibliothèque mais que personne ne voudra forcément récupérer lorsqu’on aura disparu, faute de place, de goût ou d’appétence pour la lecture. Car qu’on le veuille ou non, les livres sont des objets (encombrants) et sont traités comme tel quand nous ne sommes plus là pour veiller dessus. Pour avoir été confrontée à cette question plusieurs fois, je sais pertinemment que les bibliothèques dont on hérite partent chez les bouquinistes (dans le meilleur des cas) ou dans les déchetteries (dans le pire). Ne nous leurrons pas ! Seule une toute petite partie de ces livres longuement et soigneusement accumulés rejoint la bibliothèque d’un éventuel héritier. Alors en regardant ma bibliothèque, mais surtout le nombre de livres que je n’ai pas encore lu ou que je ne relirai jamais, j’ai commencé à m‘interroger sur le sens de tout ceci et sur mes pratiques.

Effectivement chaque rentrée littéraire, ce sont plus de 500 nouveaux livres qui sont édités, auxquels on ajoute ceux qui sont publiés en dehors de cette période, et les poches qui sont une réédition des grands formats … Bref ! Une quantité phénoménale de livres qui déboulent cycliquement sur le marché du livre, mais combien trouvent vraiment leurs lecteurs?

Quant à nous, nous recevons joyeusement de plus en plus de livres à lire dans nos boites aux lettres, c’est Noël un peu chaque jour et je comprends bien que personne n’a envie de s’en plaindre, ni que cela s’arrête, forcément … !

 

Cependant où cette course folle nous mène-t-elle ?

 

En regardant ces piles de livres qui s’amoncellent chez moi, je me dis que quelque chose déraille. La planète va mal et nous regardons ailleurs comme si cela ne nous concernait pas parce que c’est de la LITTERATURE et que c’est sacré ! Oui mais non, c’est trop facile !

Alors je me suis demandée ce que je pouvais faire pour rendre mon job de blogueuse littéraire plus green. Qu’est ce que je pouvais changer dans mes pratiques pour qu’elles soient plus vertueuses ?

Parce que ce n’est pas parce que le secteur de l’édition, de l’impression et de la distribution du livre a du mal a changer de siècle, d’époque, de système que l’on doit se calquer sur celui-ci. Ma responsabilité c’est de montrer l’exemple en donnant DAVANTAGE envie de lire mais aussi en consommant PLUS vertueusement donc différemment.

Ce n’est pas parce ce secteur n’arrive pas à se réformer rapidement, qu’il peine encore à intégrer et accepter la révolution numérique alors que la suivante est déjà là, que nous devons faire comme s’il était de notre devoir de contribuer à aider les librairies et les maisons d’édition dans n’importe quelles conditions et les yeux bandés.

Refuser de se poser les bonnes questions, n’empêche jamais le bateau de prendre l’eau. Ce n’est pas à nous de résoudre l’équation qui se présente avec de plus en plus d’acuité, celle de savoir comment faire pour continuer à éditer et vendre des livres papier dans un monde qui doit inévitablement économiser et respecter ses ressources

S’il y a trop d’auteurs édités, trop de gaspillage (on en parle des livres pilonnés à la fin des gros salons plutôt que d’être donnés ou remballés? De ceux qui sont retournés par les libraires chez les éditeurs et qui connaissent le même sort ?…), l’utilisation massive de matériaux de fabrication à répercussion environnementale (encre, papier…)… Et tout ceci, n’est pas de notre fait.

Et ce n’est pas plus brillant du côté des libraires qui travaillent toujours pour la plupart comme si le 21e siècle, c’était pour plus tard.

Il existe forcément des solutions mais encore faut-il les chercher et les mettre en application …

Alors oui beaucoup d’imprimeurs utilisent désormais du papier provenant de forêts gérées durablement mais le pas vers le papier recyclé n’est toujours pas franchi, principalement parce que pour l’instant le milieu de l’édition n’est pas spécialement en demande. Et pour l’encre, si la marque “Imprim vert” permet déjà un pas dans la bonne direction pour les imprimeurs qui y souscrivent (la majorité), le recours aux encres végétales durables n’est toujours pas d’actualité.

Alors soyons clair, ce n’est pas à nous blogueurs littéraires de porter la responsabilité de ce qui ne se fait pas, de l’absence d’innovation du secteur, de l’immobilisme qui plombe la machine. Je dirais même au contraire que c’est à nous d’insuffler les bonnes pratiques si on ne veut pas que le livre papier meure de sa belle mort un jour prochain, faute de planète et donc de lecteurs.

On est bien d’accord, je préfère acheter dans les petites librairies pleines de charme et trimballer un bon gros bouquin plutôt qu’une liseuse. La question n’est pas là ! 

La question ce n’est pas ce que j’aime mais comment faire pour que ce que j’aime, n’ait pas un impact nuisible sur l’environnement.

Or consommer du livre à haute dose, lire beaucoup, c’est bon pour moi et mon espèce mais ça ne l’est pas pour la planète dans les conditions où je le fais.

 

Emma PERIE - bLogueuse littéraire Livresalire (2)

 

Alors j’ai adopté des règles simples :

 Sachant que je m’impose déjà une règle déontologique qui est de cantonner les SP à 50% de mes lectures car j’estime que c’est le seul moyen de conserver un minimum d’indépendance (j’en parle dans ce post : comment devenir blogueuse littéraire).

J’achète donc les autres 50% et c’est sur ceux-là que je peux principalement agir. J’ai donc tout simplement adopté les mêmes règles que celle que j’applique en matière de déco et d’achats de vêtements.

J’achète désormais 70 à 80% de mes livres en occasion, je favorise le recyclage et cela même si à la base je suis plutôt une maniaco-dépressive-du livre-neuf-pas-corné qui s’aligne joliment sur les rayons de ma bibliothèque. J’ai fini par remiser ce principe qui n’avait au fond aucun intérêt réel. Un livre doit vivre, autant pour ce qu’il a me transmettre que pour ce qu’il pourrait transmettre a d’autres. Je préfère désormais partager mes livres plutôt que les garder jalousement.

Par contre pour les 20% à 30% restants, j’essaye de privilégier l’achat en librairie ou salon littéraire.

J’emprunte en médiathèque… alors que je déteste le faire parce qu’il faut ensuite les rendre mais je n’ai pas dit que j’avais pris que des décisions confortables ^_^

Je refuse les services presse en bloc, genre le totebag rempli de livres dont je sais que je n’en lirai que 2 grand max car je n’ai qu’une vie et qu’il m’est impossible de lire 30 livres pour le seul compte de 3 maisons d’édition, en sus du reste.

 Je n’aime pas lire en numérique mais désormais je m’efforce de le faire sur pas mal de nouveautés, notamment pour les rentrées littéraires car beaucoup sont des livres intéressants mais qui n’ont pas vocation à entrer pour autant dans ma bibliothèque. Si je suis conquise, alors je peux acheter le livre. J’ai préféré utiliser la technologie que je possède déjà, plutôt que de recourir à une liseuse car il faut savoir que le coût environnementale de la liseuse est de 250 kilogrammes de CO2 ! Il faut donc lire 60 livres par an sur ce support pour que cela puisse être considéré comme moins polluant que la lecture de livres papier. Sans compter qu’elles nécessitent qu’on extrait des métaux rares pour leur fabrication… J’ai donc une application de lecture sur mon smartphone et mon IPad et j’utilise Netgalley qui est un formidable outil à la disposition des blogueurs littéraires pour obtenir des services presse numérique.

J’ai aussi désormais recours aux livres audio via Audible (toujours sur mon smartphone), principalement en développement personnel. Pareil, je ne suis pas fan à la base mais peu à peu j’arrive à modifier mes habitudes et finalement j’y trouve pas mal d’avantages, notamment celui de pouvoir prendre des notes, ce qui n’était pas évident avec la lecture papier.

Le plus dur ! Je ne garde plus TOUS mes livres. ! Je revends, je donne, je distribue et je trie de manière drastique parce qu’un livre qui dort inutilement sur les rayons de ma bibliothèque ne va pas pouvoir vivre sa vie auprès de quelqu’un d’autre. Or grâce au blogging littéraire, j’ai profondément évolué.

Bien sûr je suis toujours autant fascinée par les grandes bibliothèques mais je n’ai plus autant besoin de garder mes livres, de façon exclusive, je préfère désormais les partager. Je me suis aperçue que cette attitude me rendait plus heureuse et plus légère que de détenir et que notre vie ici bas étant limitée dans le temps, l’accumulation n’a aucun sens dans un monde aux ressources limitées.

La grande bibliothèque, elle doit se construire dans nos têtes Winking smile

 

Blogueuse littéraire - Lire plus green (2)

 

 

Vous l’avez compris, cette réflexion m’a amené à faire des changements en profondeur, ce sont des petits et gros efforts mais qui cumulés font une véritable différence dans ma façon de consommer.

Au final, mon budget livre a atteint à nouveau un niveau raisonnable, tout comme le nombre de services presse qui arrivent chez moi (parce qu’on était arrivé à un “grand n’importe quoi” en fin d’année dernière !).

Je me sens plus en adéquation avec moi-même et mes valeurs et puis surtout j’ai pris conscience qu’il fallait profondément modifier nos comportements tant dans notre façon de faire le job d’influenceur littéraire qu’en tant que lecteur, qu’il fallait urgemment intégrer que les choses changent même si nous le souhaitons pas et qu’il va probablement falloir appréhender la lecture de différentes manières.

Très certainement le modèle économique de la grosse maison d’édition qui publie de très grandes quantités de livres et éditent beaucoup d’auteurs ne sera peut-être plus celui qui, dans l’avenir, va prévaloir, sauf à considérer différemment sa manière d’appréhender le livre objet et l’édition. On le constate déjà dans les petites maisons d’éditions plus souples et plus réactives, les choses bougent !

Et comme toujours (et c’est la bonne nouvelle !) lorsqu’il y a des défis et de nouvelles contraintes, il y a tout un tas de nouvelles opportunités qui s’ouvrent pour ceux qui préfèrent la créativité, la recherche de solutions au conservatisme, qui ont des idées à défendre plutôt que des intérêts.

Ma nature profondément optimiste préfère croire que c’est sur cette branche là que l’on va se poser plutôt que de la scier Smile

 

gif oiseau

 

Après il est bien évident que ma réflexion porte sur ce que je fais en tant que blogueuse littéraire et grande lectrice mais que si vous achetez peu de livres, il est certain qu’il vaut mieux dans ce cas là que vous privilégiez les librairies.

C’est le plus compliqué en attendant que les choses changent : savoir adopter l’attitude la plus adéquate par rapport aux différents acteurs du secteur en fonction de sa propre consommation, car bien sûr tout est interdépendant. Si tout le monde n’achète plus que de l’occasion, il n’y a plus de librairies, d’imprimeurs, de maison d’éditions, ni d’auteurs … et ce n’est pas non plus le but. Comme toujours c’est la recherche d’un équilibre qu’il faut chercher.

 

Vous en pensez quoi ?

 

2 Comments

  • La Semeuse de Livres

    Je pense avoir atteint un équilibre il y a 1 an environ que j’entérine cette année. A savoir : j’achète quelques livres neufs (quasiment essentiellement ceux que je sais qu’ils ne sortiront pas en poche avant un longtemps moment ou jamais, des essais principalement), quelques autres d’occasion, j’emprunte à la bibliothèque, je me sers dans les BAL et les remplis, je donne, je vends, j’offre et je trie mes livres lus et non lus qui ne seront sans doute pas lus avant un moment. Je fais de la place, j’allège tout en faisant vivre une « vraie vie » aux livres.

Laisser un commentaire