
Dîner à Montréal – Philippe Besson
Ce roman en 3 mots : autobiographique / subtil / mélancolique
J’ai lu ce roman un peu par hasard, attirée par le titre et surtout parce que j’ai réalisé que c’était la suite de “Arrête avec tes mensonges” et de “Un certain Paul Darrigrand”.
Il serait faux de prétendre que je n’étais pas curieuse de découvrir ce qu’il restait de cette histoire d’amour inachevée.
Philippe Besson a cette manière unique de faire ressurgir le passé sans lourdeur, avec une élégance triste et bouleversante.
Dîner à Montréal est la suite, ou plutôt la résonance, de cet amour perdu.
C’est un roman court, mais percutant.
Sommaire
☆ Résumé
Des années après leur rupture, Philippe Besson retrouve à Montréal, lors d’une séance de dédicaces dans une librairie, Paul, son ancien amant, désormais marié à Isabelle.
Sans vraiment réfléchir, il suit son cœur et propose un dîner.
Mais chacun sait qu’il ne s’agira pas simplement de partager un repas.
Entre eux, il y a les souvenirs, les regrets, les blessures non refermées mais aussi deux conjoints, spectateurs attentifs.
Au fil des verres de vin, des silences, des confidences, les blessures refont surface.
Reste-t-il quelque chose de l’histoire d’amour entre Philippe et Paul malgré les années passées ?
Le roman se déroule en une soirée tendue et fragile, entre souvenirs et regrets.
☆Pourquoi lire « Dîner à Montréal » de Philippe Besson
✨ 1. Pour la justesse des émotions
Philippe Besson parvient à dire ce qui se tait avec délicatesse : les regrets, les espoirs, les silences… tout sonne vrai.
✨ 2. Parce qu’on rêve tous de retrouver un amour perdu
En retrouvant Paul, resurgit (du moins pour nous, lecteurs), l’espoir qu’il existe des regrets inavoués, une histoire d’amour qui bien que terminée, continuerait de brûler silencieusement.
✨ 3. Pour la tension contenue
C’est un huis clos émotionnel. On attend, on redoute, on espère. En 130 pages, Philippe Besson en dit plus sur l’amour, le renoncement et la mémoire que d’autres en 400. Ce roman autobiographique est vraiment addictif par sa sobriété.
☆ Mon avis en quelques lignes
J’ai retrouvé ce qui me touche tant chez Philippe Besson : une langue limpide, sans effets inutiles, avec une émotion contenue qui, pourtant, finit toujours par déborder.
Le face-à-face entre les deux hommes est d’une intensité rare.
L’auteur ne juge jamais, il observe. On est à la fois dans la tête de celui qui a souffert et dans celle de celui qui a fui.
Les flashbacks, bien dosés éclairent le présent et les non-dits deviennent poignants.
J’ai aimé ce roman parce qu’il ne joue pas la carte du spectaculaire : il joue celle du presque, de “ce qui aurait pu arriver”, et c’est peut-être encore plus fort.
Mais le roman ne se limite pas aux anciens amants. Il laisse aussi la place aux conjoints : Isabelle et son besoin de raconter une vie bien rangée, peut-être pour garder le contrôle, même si, personnellement, j’aurais bien aimé l’évincer de ce dîner.
À l’inverse, j’ai adoré les interventions piquantes du jeune amant de Philippe Besson, ironique, fin observateur, qui ose décocher des flèches quand tout le monde tente désespérément de maintenir un équilibre fragile.
J’ai ressenti cette tension entre celui qui espère une déclaration (Philippe) et celui qui la refuse (Paul), peut-être pour se protéger. Ce que l’un brûle d’entendre et ce que l’autre ne dira jamais, pèse lourd tout au long du repas.
Au fond, nous sommes tous tiraillés entre raison et romanesque, entre ce que l’on ose faire… et ce que l’on ne fera jamais.
Vous me connaissez : j’aurais aimé un basculement, une folie, une parole irréversible. Mais non. C’est la vie : on est souvent plus raisonnable que fou.
Ce n’est pas un roman où tout se joue mais c’est un livre où chacun s’observe.
Et pourtant, j’ai été bouleversée, parce que Philippe Besson écrit, comme toujours, avec une justesse désarmante.
J’aurais tant aimé que ce livre soit plus épais ou qu’il existe – encore – une suite !
À défaut, je vais plonger dans la découverte des autres titres de l’auteur, en espérant y retrouver cette même émotion.
A qui je conseille ce roman ?
A ceux bien sûr qui ont lu les précédents : “Arrête avec tes mensonges” et surtout “Un certain Paul Darrigrand » (mais il peut parfaitement se lire seul).
Il plaira aussi à ceux qui ont connu un amour perdu, inachevé et à tout ceux qui aiment tout simplement les histoires d’amour et leur complexité.
Et voilà que dix-huit ans plus tard, alors que la vie nous a roulé dessus et conduits ailleurs, il les dit, ces mots fabuleux, ces mots sensationnels, des mots tout simples. Il devraient avoir le goût de la victoire, mais ce serait une victoire posthume. Celui de la revanche, mais le combat a été définitivement perdu. En réalité, ils ont la texture d’un baume, ils apaisent la brûlure.
☆ A lire aussi – idées lecture
Si vous aimez ce genre de lecture, je vous conseille :
- Un certain Paul Darrigrand – Philippe Besson – Vous pouvez lire ici ma chronique sur son livre
- Arrête avec tes mensonges – Philippe Besson
- Ce que je sais de toi – Éric Chacour
- Call Me By Your Name – André Aciman
☆☆☆
Aviez-vous lu les romans précédents de cette trilogie ?
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