Illustration pour présenter le livre de Kells de Sorj Chalandon
Lectures,  Roman autobiographique

Le livre de Kells -Sorj Chalandon : sauver sa peau

Ce titre en 3 mots :  Autobiographique / Social / Émouvant

 

Après avoir vu Sorj Chalandon présenter son livre “Le livre de Kells” à la Grande Librairie, j’ai été tellement touchée par l’homme, sa pudeur, sa grande sensibilité et sa manière d’être, que je me suis décidée à lire quelques-uns de ses romans.

Celui-ci est son douzième titre, autant dire que je commence ma découverte de cet auteur par la fin de sa bibliographie – j’ai néanmoins lu “Enfant de salaud”, juste avant.

 

Résumé de “le livre de Kells” de Sorj Chalandon

 

À dix-sept ans, Sorj claque la porte de l’appartement familial. Il fuit ce père violent, antisémite et raciste, qui le “dévore”- qu’il a raconté dans nombre de ces romans précédents-  une mère impuissante, et court vers la liberté, vers ce qu’il imagine être la vraie vie, tout plutôt que de pousuivre celle-ci avec ses parents.
Mais la rue, c’est d’abord la faim, la peur, la perte des illusions. Puis viennent les rencontres : des militants, des révoltés, une communauté maoïste où il trouve une famille, un sens, une cause à défendre.
Peu à peu les idéaux s’effritent, la violence a pris beaucoup trop de place, et Sorj comprend que pour « sauver sa peau », il lui faudra aussi se sauver de ces dogmes.
Dans le livre de Kells, Sorj Chalandon revient sur ces années-là, en livrant le plus intime de ses romans.

Ce roman autobiographique est aussi le récit d’une jeunesse française égarée dans les années 70, entre utopie et désillusion, colère et fraternité.

 

Le livre de Kells de Sorj Chalandon posé" fermé sur une table en bois

 

Pourquoi lire ce livre

 

Parce que c’est un roman d’apprentissage sincère et sans fard

Sorj Chalandon y retrace sa jeunesse chaotique avec une pudeur désarmante.

Pour le regard sur la France des années 70

Grèves, luttes ouvrières, maoïsme, désillusions : le roman nous offre le tableau photographique d’une époque de fractures.

Parce qu’il interroge la quête de sens

Sorj Chalandon explore nos engagements, nos idéaux et nos petits arrangements avec la morale, mais aussi l’importance de trouver sa place dans ce monde et soulève incidemment la question de la chance – car il aurait pu tout aussi bien tomber entre d’autres mains moins bien intentionnées que celles, de ces copains maoïstes.

 

"le livre de kells" de Sorj Charandon ouvert sur la page 199, chapoitre intitulé "Militaro-débiles"

 

Mon avis en quelques lignes

 

Ce qui m’est venu immédiatement en refermant ce livre, c’est cette phrase : sauver sa peau.
De ses 17 ans à sa fuite vers la rue, de son passage chez les maos à son arrivée à Libération, Sorj Chalandon n’a cessé de chercher à se sauver.

Moins bouleversant que “Enfant de salaud”, ce roman m’a néanmoins profondément touchée.

J’y ai lu la trajectoire d’un jeune homme qui souhaite échapper à cet enfer familial, retrouver la capacité de respirer librement, de vivre sans craindre des coups et qui a le courage de fuir.


C’est une lecture exigeante : je connais mal cette période de l’histoire sociale et politique française, et certains passages m’ont échappé.

J’avoue que je me suis pas mal embourbée dans cette partie du roman que j’ai trouvé un peu longue à mon goût. Néanmoins l’écriture de Sorj Chalandon sait nous tenir la tête hors de l’eau et je n’ai pas abandonné pour autant.

Et puis, vous me connaissez, j’aime apprendre, creuser, chercher à comprendre et ce contexte méconnu – pour moi – de la France des années 70, m’a offert cette opportunité d’aller au-delà d’une simple lecture de ce roman.

Ce livre raconte aussi la rue, loin des fantasmes : les nuits froides, les désillusions, la chance d’une main tendue au bon moment.

Et puis, cette transition bouleversante entre la défense des idées à coups de barres de fer et la défense des idées par les mots. C’est un des passages qui m’a le plus émue, peut-être parce qu’il rejoint ce que je connais : la conviction que les mots peuvent réparer, élever, transformer.

Le Livre de Kells est aussi une réflexion sur nos engagements, sur ce que nous acceptons au nom d’un idéal.

Il m’a poussée à interroger ma propre manière de contribuer à un monde plus juste, à ma mesure.

De la même manière que Sorj Chalandon estime à un moment que ce qui lui ressemble, ce qui lui convient pour contribuer à rendre le monde meilleur c’est d’aider cette famille à lire et à écrire et plus largement d’être là, présent pour donner un coup de main. Nous pouvons chacun trouver cet “endroit” d’où nous pourrons tendre la main aux autres ou contribuer à aider une cause.

Il n’y a pas de petite ou grande manière, il y a celle qui est propre à chacun selon sa sensibilité et ses moyens.

Et c’est aussi un livre sur l’amitié, Sorj Chalandon a d’abord Ce formidable copain, Paul, celui qui le soutient face à L’Autre, qui le recueille chez lui où il est accueilli comme un fils et un frère. Puis ses copains les maoïstes, qui vont le sortir de la rue et lui offrir une éducation, puisque tout est à apprendre. Cette fraternité, c’est ce qui va sauver Sorj Chalandon de son tourmenteur de père et de sa vision haineuse du monde.

Un roman intime et social, dense mais profondément humain, où Sorj Chalandon met en lumière la part de fuite et de courage qui sommeille en chacun de nous.

 

J’ai regardé Lyon comme on quitte une aimée. J’ai posé ma main sur les murs de la ville, caressé les arbres, observé une dernière fois le ciel tourmenté enfanté par le fleuve.Je ne savais pas quand je reviendrais. Alors je fabriquais des images, pour les jours d’après et mes nuits de regrets.

 

À qui conseiller ce livre ?

À ceux qui aiment les récits d’apprentissage, les fresques sociales, les histoires où la quête de soi se mêle à celle d’une génération entière, à ceux qui ont fuit ou envie de fuir un “chez eux” qui ne les accueille pas, à ceux qui croient en les mains tendues et la fraternité des hommes.

 

A lire aussi – idées lecture

  • Profession du père Sorj Chalandon : un fils face aux mensonges du son père.
  • Le Petit GarçonPhilippe Labro : un autre récit d’initiation, entre fuite et apprentissage.
  • Les AnnéesAnnie Ernaux : pour prolonger la découverte de la France d’après-guerre et de ses mutations sociales.

 

☆☆☆

 

couverture du livre de Kelles de Sorj Chalandon

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