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La promesse de l’aube : chef d’oeuvre de Romain Gary à lire
Quand on pense à Romain Gary, le premier livre qui vient spontanément à l’esprit est celui-ci : « La promesse de l’aube« .
C’est certainement son titre le plus populaire et le plus lu.
En admiratrice inconditionnelle de l’auteur, impossible de ne pas vous en parler.
“Ma mère m’avait raconté trop de jolies histoires, avec trop de talent et dans ces heures balbutiantes de l’aube où chaque fibre d’un enfant se trempe à jamais de la marque reçue, nous nous étions fait trop de promesses et je me sentais tenu.”
Je commence rarement une présentation de livre avec une citation mais citer Romain Gary est presque inéluctable tant ce qu’il écrit est toujours juste.
Son style clairvoyant et accessible capture à la fois l’émotion brute et la profondeur de ces réflexions humaines qui nous traversent tous.
Au départ, il y avait l’amour irraisonné et inconditionnel d’une mère pour son fils, Roman Kacew, et pour un pays lointain (la France), une lutte quotidienne pour faire se fondre les deux, et, au bout il y aura Romain Gary.
Roman Kacew, une fois devenu un grand écrivain, écrira ce livre pour raconter sa mère.
Ce chef-d’œuvre autobiographique raconte l’histoire d’un amour inconditionnel et irréfléchi : celui de Nina Kacew, une mère extraordinaire, pour son fils Romain, qu’elle prédestine à devenir un grand homme.
C’est également un récit touchant et malicieux, où se mêlent anecdotes savoureuses et humour fin.C’est pourquoi ce roman est un incontournable de la littérature française, tout comme l’adaptation cinématographique.
Sommaire
☆ Résumé de la promesse de l’aube
À la base de tout, il y avait l’amour inébranlable de Nina Kacew, une femme juive et exubérante vivant dans le ghetto de Vilnius.
Elle décida que son fils deviendrait un grand écrivain et un diplomate français, deux carrières improbables pour un garçon né en Lituanie dans une famille modeste.
Pour réaliser ce rêve, elle travailla sans relâche, l’élevant seule après l’abandon de son mari, et lui offrit une éducation riche et rigoureuse.
Malgré les difficultés financières et les obstacles, Nina investit tout dans l’avenir de Roman, quitte à faire des sacrifices énormes.
Ce que raconte le roman : La transformation de Roman Kacew en Romain Gary, l’un des plus grands écrivains du XXe siècle.
Mais tout n’est pas rigoureusement exact. Le roman, bien que très personnel, est aussi une œuvre romancée.
→ Est-ce que cela ne vous rappelle pas une histoire plus contemporaine ?
Celle du père des sœurs Williams : Robert Williams et de son plan, tout aussi improbable, d’en faire des championnes ↓
☆ Pourquoi lire ce livre
- Pour l’émotion : Ce roman est bouleversant et touche à l’universel.
- Pour la plume de Gary : Son style est à la fois riche et accessible, teinté d’ironie et de poésie.
- Pour comment se construit un destin hors du commun : L’histoire de Romain Gary est une véritable source d’inspiration.
☆ Mon avis sur “La promesse de l’aube” de Romain Gary
« La Promesse de l’Aube », c’est bien plus qu’un simple roman autobiographique.
C’est d’abord l’histoire d’un amour maternel excessif
Celle du petit Roman Kacew, né dans un coin reculé de Lituanie, fils d’un père fourreur et d’une mère comédienne pleine de rêves, en Romain Gary, géant de la littérature française, multiple lauréat du prix Goncourt (y compris sous le pseudonyme d’Émile Ajar), et diplomate respecté.
Pour autant, tout n’est pas strictement vrai dans ce récit.
Romain Gary, toujours maître dans l’art de romancer sa propre existence, a volontairement laissé dans l’ombre certains pans de son histoire.
Par exemple, il passe sous silence la figure de son père, un homme qu’il fut sommé de détester après que celui-ci eut quitté le foyer pour une autre femme.
De même, il omet de mentionner un frère aîné, mort à l’âge de 20 ans, dont l’absence a sans doute laissé un vide immense qui explique l’amour exclusif et débordant que lui témoignait sa mère.
Cette mère, Nina Kacew, occupe le cœur de ce roman.
C’est une femme à la personnalité écrasante : excentrique, excessive, entière.
Elle aimait son fils avec une intensité qui dépassait les limites du raisonnable, un amour qui était à la fois une bénédiction et une malédiction.
Pour Romain Gary, elle était tout : la muse, la protectrice, mais aussi une figure omniprésente qui semblait parfois difficile à supporter.
Ce qui frappe, c’est combien il lui fallut de temps pour parvenir à raconter cette mère, pour oser poser sur le papier ce qu’elle fut et ce qu’elle représenta pour lui.
Pendant des années, même après sa mort, il resta silencieux, peut-être parce que parler d’elle, c’était risquer d’en dire trop ou pas assez, de la réduire à des mots alors qu’elle débordait de vie.
Pourtant, il a fini par briser ce silence avec « La Promesse de l’Aube », un livre qui, bien qu’imprégné de la fiction et ces embellissements qui lui sont chers, résonne comme l’œuvre la plus intime et sincère de sa carrière.
Ce portrait de Nina Kacew est tout sauf à sens unique.
Romain Gary ne cherche pas à idéaliser cette femme qu’il a tant aimée et parfois détestée.
Il raconte ses moments de honte face aux emportements spectaculaires de sa mère, ses gestes théâtraux en public, sa tendance à vouloir tout contrôler, y compris la destinée de son fils.
Il évoque cette sensation d’être prisonnier de son amour, de ne pas pouvoir s’extraire de son influence.
Mais il raconte aussi l’admiration qu’il lui portait, la reconnaissance pour son dévouement total, et ce sentiment, presque viscéral, d’avoir perdu une part de lui-même lorsqu’elle disparut.
Mais en même temps, il a hérité de sa mère un optimisme à toute épreuve, la croyance en une sorte de protection “divine” maternelle qui lui épargne les affres de l’anxiété, du doute et lui permet de prendre des risques.
Il avance vers son destin aussi sûrement que si celui-ci était écrit d’avance sans s’interroger sur son talent ou les périls qui pourraient lui tendre un piège.
Cette ambition à priori démesurée de sa mère pour lui, qui ne souffrait d’aucune remise en cause, lui a évité la médiocrité et lui a assuré une destinée exceptionnelle.
Avec « La Promesse de l’Aube », Gary nous offre le récit d’un amour absolu, parfois étouffant, mais toujours lumineux.
Cette lumière que l’on retrouve dans de nombreux romans de Romain Gary, comme dans “Les cerfs-Volants”, roman que j’ai également adoré ↓
La recherche obstinée d’une vocation
Il y a un point très inspirant dans l’histoire de Romain Gary, c’est que sa mère s’est démené pour pouvoir lui offrir des cours particuliers dans des tas de domaines afin de découvrir quel talent particulier de l’enfant pourrait être développé.
Cependant le plus grand talent de Romain Gary fut d’abord celui de “décevoir” sa mère en ne montrant justement aucun talent particulier pour quoique ce soit.
Seule la peinture l’inspirait mais les peintres étant maudits car pauvres et désargentés, il était hors de question qu’il en fasse une vocation.
Finalement l’écriture et la littérature sont une révélation, il sera donc un grand écrivain !
Romain Gary va mettre toute son âme à écrire jour après jour et il n’arrêtera plus jamais.
Je sais que la vie vaut la peine d’être vécue, que le bonheur est accessible, qu’il suffit simplement de trouver sa vocation profonde et de se donner à ce qu’on aime avec un abandon total de soi.
Romain Gary, dès ses 11 ans, travaillera sans faiblir à essayer d’écrire la grande œuvre qu’il doit à sa mère.
Romain Gary enfant
Rien, ni le manque d’argent, d’appuis, ni les différences de cultures ou de langue, ni les problèmes de santé ou la guerre ne viendront à bout de leur résolution commune de réussir, ce qui semble pourtant un pari fou et irréaliste.
C’est d’autant plus compliqué pour Romain qu’il est dans l’urgence de réussir, car sa mère est déjà âgée au moment de sa naissance
Il est un enfant tardif et inespéré, c’est le miracle qu’elle n’attendait plus mais elle a déjà plus de 35 ans et ne peut pas compter sur la protection d’un homme et elle s’épuise.
Elle compte les années encore nécessaires à cette fin.
Une fois établis en France, à Nice où elle tiendra d’une main de fer l’hôtel-pension Mermonts, il la verra souvent défaillir et cela d’autant plus qu’elle souffre de diabète.
Il sait que le temps lui est compté et qu’il doit faire vite pour remplir sa “mission” et accomplir sa grande œuvre, ce qui lui met une pression considérable.
Les attentes maternelles seront lourdes à porter, tout comme cette tendresse sera accablante et ne lui permettra pas de couper ce fameux cordon ombilical.
Il se sentira souvent dévirilisé lorsqu’il sera confronté à l’impossibilité de remplir certaines “missions” qu’elle attendait de lui.
Mais cette relation complexe sera déterminante dans sa construction affective et professionnelle.
Elle le remplira complètement mais le laissera aussi démuni et vide lorsqu’elle viendra à disparaître, bien qu’elle ait pris le soin de lui laisser ses dernières consignes.
Romain Gary et sa mère fin des années 1930 devant l’hôtel Mermonts
La genèse d’un humour caractéristique
La vie n’est pas drôle, entre les difficultés économiques, les exils, les rebondissements, le caractère excessif de sa mère.
Pourtant elle le protège de tout, le manque est comblé par les mots et la vision d’un avenir radieux.
Elle rêvait d’une France qu’elle imaginait pleine de grandeur et de beauté, un pays fantasmé qu’elle a vendu comme tel à son fils qui devra se débrouiller avec ses réalités beaucoup moins fantastiques.
Mais très rapidement, le jeune Romain Gary développera son sens de l’observation, son sens de l’auto dérision et un humour tout en finesse qui lui permettra de prendre de la distance avec tout ce qui lui arrive.
L’humour a toujours été pour moi, tout le long du chemin, un fraternel compagnonnage ; je lui dois mes seuls instants véritables de triomphe sur l’adversité. Personne n’est jamais parvenu à m’arracher cette arme.
☆ Bilan de ma lecture
Un magnifique roman sur l’amour maternel mais qui permet aussi de découvrir un pan de l’histoire de notre pays sous un angle nouveau.
Une destinée dans laquelle la plume singulière et tellement contemporaine de Romain Gary nous transporte, ponctuant le tout d’anecdotes savoureuses et malicieuses contées avec l’humour fin et l’autodérision légendaire de celui-ci.
C’est aussi l’histoire incroyable de la “construction” d’un écrivain et de sa vocation, d’un grand destin.
Un petit bijou IN-CON-TOUR-NA-BLE !
☆ A lire aussi – Idées lecture
Voici une petite liste d’idées lecture qui pourraient vous inspirer en complément de « La Promesse de l’Aube » de Romain Gary.
Ces livres explorent des thématiques similaires, comme l’amour familial, la résilience, les destins exceptionnels ou la quête de soi.
Écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, il explore la jeunesse, le courage et l’humanité et montre une autre facette de l’écriture de Gary, teintée d’espoir et de poésie.
Autobiographie poignante d’une femme qui a surmonté les épreuves les plus terribles (la Shoah, l’exil) pour devenir une figure incontournable du XXe siècle. Le récit de son enfance, porté par l’amour de sa mère, fait écho à celui de Gary.
Impossible de ne pas avoir en tête ce livre, qui comme « La Promesse de l’Aube », est un hommage vibrant à une mère exceptionnelle.
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❓ FAQ – Questions Fréquentes
✅ Q1 : « La Promesse de l’aube » est-elle une autobiographie ?
R1 : Oui, mais elle est en partie romancée. Romain Gary y raconte sa jeunesse et la relation unique qu’il entretenait avec sa mère.
Q2 : Pourquoi ce livre est-il considéré comme un classique ?
R2 : Ce roman allie émotion, humour et une profondeur rare. Il offre une réflexion universelle sur l’amour et la résilience.
⚠️ Q3 : Quelle est la citation la plus célèbre de ce livre ?
R3 : « Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. »
✅ Q4 : Ce livre est-il accessible aux jeunes lecteurs ?
R4 : Oui, son style fluide et ses thèmes universels en font une lecture accessible et captivante pour tous les publics.
Q5 : Existe-t-il une adaptation cinématographique ?
R5 : Oui, « La Promesse de l’aube » a été adapté au cinéma en 2017, avec Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney.
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2 Comments
Anna
Bonjour!
Ouah! Merci bien pour votre article sur ce petit bijou comme vous l´ écrivez si bien!
Je n´ ai pas encore terminé le roman. J´ en ai lu pour le moment un tiers. Je dois avouer que les premiers chapitres ne m´ ont pas particulièrement touchée. Mais petit à petit, le style littéraire séduit et devient juste génial par moment. J´ aime aussi ce mélange de naIveté enfantin et les confidences d´ un homme aux cheveux grisonnants qui recherche par exemple toujours un trésor. Il s´ agit là du développement d´ une grande personnalité.
Merci pour votre blog. Bonne continuation!
Emma
Merci beaucoup Anna pour ce commentaire enthousiaste !
Je suis ravie de lire que vous avez succombé à la plume de Romain Gary et cette biographie romancée de son enfance nous donne quelques clés pour mieux comprendre l’homme et l’auteur qu’il fut.
Personnellement je suis heureuse d’avoir commencé avec celui-ci mais j’avoue que la magie opère avec chacun de ses livres.
Très belles lectures 🙂