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Romans

L’histoire de Sam ou l’avenir d’une émotion – Jean-Marc Parisis

Quand Sam rencontre Deidre il pense avec la fièvre de ses 14 ans que son destin sera scellé à celle-ci. “Garde-moi” lui souffle-t-elle certaine elle aussi de cette évidence qui a suffit à les attacher ensemble en quelques minutes solaires, hors du temps. Mais ces promesses d’amour survivent-elles à l’épreuve du temps ?

Thème : Adolescence, amour, émotion, grandir, le temps retrouvé, David Bowie, Proust, Nerval, Céline, nostalgie, rentrée littéraire 2020, Jean-Marc Parisis.

Jean-marc Parisis - l’histoire de Sam - blog litteraire

 

 

Résumé de l’éditeur

 

« À 14 ans, dans une petite ville de France, la veille de partir en vacances, Sam rencontre une jeune Galloise. C’est l’émerveillement, le serment. Avant la séparation, déchirante, et le silence, mystérieux.
Des années plus tard, à la faveur de divers signes, la pensée de Deirdre revient hanter l’homme que Sam est devenu. Sans attaches, mais gouverné par cette singulière présence, il ira au bout d’un étonnant voyage.
Dans ce roman virtuose aux allures de conte moderne, Jean-Marc Parisis joue jusqu’au vertige avec le temps, les visages, les lieux, les distances.”

 

Pourquoi lire “L’histoire de Sam ou l’avenir d’une émotion” 

 

Pour l’émotion justement qui se dégage de ce texte !

 

Mon avis

Premier roman que je lis de cet auteur que je découvre avec ce titre et quel enchantement !

L’adolescence ce pays d’où l’on ne revient jamais. Cela me rappelle une phrase lue dans “Les fillettes” de Clarisse Gorokhoff au sujet de l’enfance “Mais elle nous court après – petit chien fébrile – et nous poursuit jusqu’à la tombe. Comment peut-on en garder si peu de souvenirs quand elle s’acharne à laisser tant de traces ?”…

J’ai compris en lisant ce livre cet incipit qui me semblait si mystérieux  (citation de René Char) : “Vivre c’est s’obstiner à achever un souvenir”.

Est-ce que nous sommes tous ainsi voués à courir après une madeleine de Proust, une émotion nouée dans ses années où prévalent l’innocence, l’espoir, l’amour qui rime avec toujours, où l’on est neuf à tout, tout en se sentant prodigieusement déjà mature sans n’avoir  encore rien expérimenté de ce que les années nous réserverons ? Probablement les premiers émois ne pourront plus jamais être surpassés ce qui nous condamne à chercher toute notre vie, sans même le savoir, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir” (Louis-Ferdinand Céline)

Car c’est dans les livres, que Sam le matheux qui n’en ouvrait jamais un, va trouver la clé de cette vie tellement réussie qu’elle ne l’est véritablement. Comprendre pourquoi tout ce qu’il a construit s’effrite brutalement sans raison apparente. La mallette remise par Bernard, le bouquiniste, contenant les œuvres de Proust, Céline, Nerval va remplacer avantageusement les antidépresseurs. 

 

“Chaque livre avait sa propre voix. Des voix comme je n’en avais jamais entendu, ultrasoniques, rythmées, souveraines, sublimes. Des voix auxquelles il était impossible de se dérober. Elles m’intimaient de les écouter. L’ordre ne sortait pas d’une mère ou d’un professeur comme pendant ma scolarité à Froncy, mais du cœur des textes, du sens, des images, des visions formés et portés par ces voix, voix impérieuses, mais assez complices, amicales, pour me laisser entendre qu’elles aussi avaient besoin de mon attention, de ma générosité, de la mobilisation de ce que j’avais de meilleur en moi, pour délivrer leur pleine puissance, la variété de leur gamme, me transmettre quelque chose que je devrais d’une manière ou d’une autre convertir et prolonger dans l’existence et à ma façon.”

 

Un magnifique roman sur les chagrins d’adolescence qui se réveillent tardivement, l’enfouissement des émotions parce que la vie court trop vite à cet âge là, les coches manqués, les RDV ratés, l’amour qui s’échappe et revient comme un boomerang, la nostalgie, l’odeurs des gaufres, la saveur des peaux tendres et des moments enfuis. Avec en fil rouge la discographie de David Bowie et l’empreinte des grands auteurs, ceux de ce monde ancien où les êtres chers n’étaient pas à portés de smartphone, de Skype ou à 20h de vol.

 

“J’imaginais le monde ancien, celui d’avant les avions, les voitures et les trains, quand on mettait des jours ou des mois pour retrouver un être cher à l’autre bout d’un pays, d’un continent. Des jours et des mois à marcher dans les chemins, chevaucher sa monture, traverser des mers et des années à y penser. Je regrettais d’autant plus cet âge d’or qu’il me semblait, contre toute raison, l’avoir connu.”

 

Un roman sensible, poétique, bouleversant sur ce pays perdu qu’est l’amour d’adolescent, cet exaucement qui s’évanouit, cette quête inconsciente qui hante nos vie et puis le temps qui passe mais ne ramène pas ce qui s’est perdu en route.

 

“Pour la première fois, un être marchait à côté de moi, qui révoquait mon perpétuel sentiment d’étrangeté, cette sensation d’exil que j’éprouvais partout, même en présence des parents et des copains, surtout avec eux. Deidre était là. J’avais trouvé un pays.”

 

“Ce que Deidre m’inspirait, me transfusait, c’était tout le contraire d’une pulsion, d’un désir, plutôt une forme d’exaucement, une paix, une sortie du temps.”

 

Bilan 

 

Un auteur dont la plume m’a transporté d’autant que le sujet de l’adolescence est l’un de mes thèmes préférés. L’identification est tellement spontanée tant ce qu’on y a vécu comme unique, se révèle au final universel alors j’aime quand un auteur nous y ramène avec talent et émotion. Livre à lire si vous aussi vous aimez replonger dans ces années-là. Emotion garantie ! (Oui c’était facile, je vous l’accorde ! ^^) ♥♥♥

 

 

Vous aimez les romans qui vous ramènent à ce “pays perdu” qu’est l’adolescence ?

 

L'histoire de Sam ou l'avenir d'une émotion - Jean-Marc Parisis

 

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