Paris Beyrouth - livre de Jacques Weber
Autobiographie,  Lectures

Paris-Beyrouth – Jacques Weber

Je n’attendais pas Jacques Weber, l’homme de théâtre, sur un titre tel que  “Paris-Beyrouth”.

Pourtant ce témoignage qui coïncide avec l’actualité brutale du Liban n’était pas prémédité et il en est d’autant plus digne d’intérêt.

Beyrouth, le Liban, ce sont le café blanc, les cèdres mais c’est aussi une guerre qui n’en finit pas. C’est dans cette très longue fin de guerre que nous convie Jacques Weber en convoquant ses propres souvenirs.

Cela donne une lecture saisissante et émouvante de ce pays tellement malmené.

Thème : Guerre, 1984, Liban, Beyrouth, rentrée littéraire 2020, aphonie, envie de vivre, témoignage, Jacques Weber.

Paris Beyrouth - Jacques Weber

Résumé de l’éditeur

 

“Jacques Weber triomphe dans Cyrano, à Mogador. Soudain, il perd sa voix. Perdre sa voix, n’est-ce que  » dans la tête « , comme lui répètent les médecins ?
Il se voit alors proposer deux mois de tournage au Liban, en pleine guerre. Il faudrait quitter Christine et leur petit garçon… Ne serait-ce pas fou, inconscient, improbable ?
Christine l’accompagne finalement, à Beyrouth, où la mort est un bruit persistant. Le café blanc, la danse des mouchoirs, le parfum du jasmin, n’ont très vite plus rien de pittoresque ; il faut s’habituer aux grondements de la montagne, aux tirs en rafales, aux joutes avec des kalachnikovs.
La survie s’installe dans les chairs du couple. Le  » rat dans la gorge  » est bien petit face à l’urgence de vivre.”

 

 

Pourquoi  “Paris-Beyrouth” de Jacques Weber est un livre à lire ?

 

Pour connaitre un peu mieux cette partie de l’histoire du Liban.

Pour ce paradoxe de se sentir plus vivant lorsqu’un danger menace notre vie. 

 

Jacques Weber - Paris Beyrouth

Mon avis sur “Paris-Beyrouth” de Jacques Weber

 

Jacques Weber nous livre dans ce livre un témoignage intime de cette année 1984 où triomphant sur la scène du Mogador en jouant “Cyrano”, il sent sa voix lui échapper. Il a l’impression d’avoir un rat dans la gorge, celle-ci se débine, jouer devient problématique. Alors quand on lui demande de venir tourner un film au Liban, il se dit pourquoi pas, tant que son amour tout neuf, Christine, accepte de l’accompagner.

Il s’inquiète de savoir si la guerre est finie, on lui répond que oui. Ce n’est pas tout à fait vrai. Mais ils ont trop besoin de faire ce film alors ils mentent un peu. Pour Jacques Weber c’est le choc. Des morts, des gens qui s’entretuent à quelques mètres de lui et de sa femme, c’est le lot quotidien de cette ville.

Il fait connaissance avec la peur, le vrai danger : celui de mourir.

Un soir ils se retrouvent dans une embuscade. Des adolescents, des kalachnikovs tenus par des gamins difficiles à raisonner qui n’hésitent pas à mettre le canon de l’arme sur sa tête ou entre les seins de sa femme. La mort n’est alors plus que l’affaire d’une décision de quelques secondes prise par quelqu’un d’incontrôlable. Ils s’en sortiront sains et saufs mais irrémédiablement changés, comme ce sera le cas après ce séjour de deux mois dans ce pays qui peine à en finir avec cette guerre qui sévit depuis 1974.

“Cette nuit je suis encore en vie, mais autrement.”

Alors il fallait le temps de laisser décanter, un confinement qui ramène aux souvenirs, l’envie d’écrire et la surprise de cette douloureuse coïncidence d’une sortie concomitante à l’actualité du Liban.

Jacques Weber dans “Paris-Beyrouth” évoque le paradoxe de la guerre qui redonne le goût immodéré de vivre, qui lui fait prendre conscience de la beauté vertigineuse de la vie.

Beyrouth lui fait du bien et c’est pour cette raison que malgré la peur, il se surprend à décider de rester.

 

 

Bilan de ma lecture

 

Un témoignage saisissant de la réalité du Liban à ce moment-là

Jacques Weber trouve au Liban un autre théâtre, celui de la vie. Celui qui lui permet de s’oublier, d’oublier cette voix défaillante pour retrouver l’envie de vivre enfouie.

J’ai pensé à Jorge Semprun auquel on demandait ce qui lui avait permis de survivre aux camps de concentration et qui répondait  :“la curiosité de la vie, même dans ce qu’elle a de plus sombre.”

A lire avec cette curiosité de nous-même et de la vie, pour la voix de Jacques Weber qu’on aime retrouver même à l’écrit et bien sûr pour le Liban ♥♥♥

 

A lire aussi – idées lecture

 

C’est mon premier titre de Jacques Weber mais j’ai vu qu’il avait écrit d’autres livres et comme j’aime beaucoup l’acteur, le comédien de théâtre, l’homme de lettres, son érudition et son intelligence, je pense que je vais me laisser aller à lire d’autres de ces écrits dont notamment “La brûlure de l’été”, ce fait divers qui l’a beaucoup affecté m’interpelle particulièrement et “Vivre en bourgeois, penser en demi-dieu” dont je trouve le titre très inspirant.

Je pense que je ne pourrais pas faire l’impasse sur “Cyrano, ma vie dans la sienne” qui doit valoir aussi le détour. Je déplore simplement qu’il ne soit pas publié en poche … il s’agit quand même de l’un de nos plus brillants hommes de théâtre, ce qu’il écrit devrait pouvoir être accessible au plus grand nombre. Il y a des choses qui m’échapperont toujours !

Pour en lire davantage sur Beyrouth, j’ai deux livres très différents à vous conseiller : “Le roman de Beyrouth” d’Alexandre Najjar  qui permet à travers trois générations de personnages de découvrir l’histoire de cette ville. Ou le très iconoclaste et féministe Une vie de pintade à Beyrouth” de Muriel Rozelier qui permet d’appréhender les contradictions de la société libanaise du point de vue d’une femme.

 

Paris Beyrouth - Jacques weber

 

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